« À LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU », Au pays de la mémoire

À la recherche du temps perdu, mise en scène Virgil Tanase © Fabienne Rappeneau

Réalisée à partir d’extraits, l’adaptation de À la recherche du temps perdu de Virgil Tanase ne se résume pas pour autant à un patchwork ou un Reader’s Digest de l’œuvre de Proust. Le metteur en scène a su garder une cohérence à travers le fil de la mémoire qui traverse toute la pièce, de l’enfance à l’âge adulte.
Le comédien David Legras nous emmène avec grâce et délicatesse dans ce pays de la mémoire qui fait ressurgir dans le présent un passé évanescent. L’épisode de la madeleine emblématique est présent à travers la respiration d’un bouquet de fleurs où l’odorat se mêle au goût du biscuit en forme de coquillage, ramolli par le breuvage de Tante Léonie, thé ou tilleul nous interroge le comédien dans un souvenir vacillant.

Élégamment vêtu de crème, comme un dandy digne de ce nom, le comédien aux cheveux ondulés et argentés, apparaît lumineux dans un décor noir d’où se détachent des meubles et accessoires qui auront tous leur emploi dans la mise en scène de Virgil Tanase. Le monologue s’exécute dans une diction parfaite, des intonations variées et posées ménageant des silences. Le ton de la confidence pour partager des réminiscences à base de sens nous entraîne calmement au pays d’une mémoire qui reconstruit les événements habillés de sensations du passé. La plongée dans le temps d’autrefois ravive des émotions tenaces. Le visage du comédien est expressif à cet égard, l’œil toujours brillant. Parfois, son mouchoir écru sorti de sa poche essuie un front troublé par le passé.

Mémoire du temps mais aussi de l’espace à travers l’énumération de lieux comme Combray mais aussi Bénodet moins connu, sans oublier la chambre, lieu du coucher de l’enfant au baiser maternel tant attendu et la phrase mémorable « Longtemps je me suis couché de bonne heure. ». Le décès de la grand-mère est accompagné de la venue d’une ancienne poussette dans laquelle un bouquet est pris par le comédien qui délaisse la poupée penchée.

Au niveau du son, des grincements se font entendre, poussette ou pas et la valise portée au début de la pièce s’ouvre en gramophone qui joue mécaniquement un morceau de musique ou un discours enregistrés sur un disque phonographique que l’acteur utilise avec d’autres intentions dans son monologue.

Cette galerie de miroirs se termine par celui devant lequel le comédien s’installe, dos aux spectateurs pour s’interroger sur l’identité de la personne qui s’y reflète. Toujours dans une gestuelle au jeu rythmé et raffiné, il repart de profil comme il est venu, dans des flux d’évocations dont le son s’amenuise jusqu’à ce qu’il disparaisse de notre vue, nous laissant dans les vapeurs du passé ressurgi.

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À la recherche du temps perdu, mise en scène Virgil Tanase © Fabienne Rappeneau

Informations pratiques

À LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU

Auteur
Marcel Proust

Mise en scène
Virgil Tanase

Interprétation
David Legras

Dates
Du 26 septembre au 27 octobre 2022 lundis et jeudis à 19h au Théâtre de la Contrescarpe, Paris
Du 6 novembre au 26 décembre 2022 dimanches à 14h30 et lundis à 19h au Théâtre de la Contrescarpe, Paris
Prolongations prévues en 2023

Durée
1h15

Adresse
Théâtre de la Contrescarpe
5, rue Blainville
75005 Paris

Informations complémentaires

Théâtre de la Contrescarpe
www.theatredelacontrescarpe.fr