« AIR-CONDITION » et « STATIC SHOT », le Ballet de Lorraine à Avignon

Air-Condition du CCN – Ballet de Lorraine © Laurent Philippe

À l’Opéra Grand Avignon, deux pièces du Ballet de Lorraine sont présentées :
Air-Condition chorégraphié par Peter Jacobson et Thomas Caley
Static Shot de la chorégraphe Maud Le Pladec

La première pièce, Air-Condition s’ouvre sur une pénombre traversée par un fil que semble explorer un corps qu’on a du mal à distinguer. C’est un moment mystérieux et qui se perd parce qu’il dure trop longtemps.
Puis apparaissent des personnages vêtus de gris, dont le costume évoquerait, la silhouette des chauves-souris. L’ambiance nocturne incite à cette interprétation. Les vingt danseurs évoluent d’abord dans la lenteur, et puis l’énergie s’intensifie. Il se passe beaucoup de choses sur le plateau : des courses, des carambolages, des chutes, des portés… tout ça sur une musique qui tient plutôt du bourdonnement. Des corps se jettent dans la fosse, comme en perte de repères. (La première fois, on croit à un accident. Quand ça devient systématique, on n’y fait plus attention.) la lumière consiste en une sorte de tremblement inidentifiable, jusqu’à ce que se lève sur le fond de scène, un disque noir qui met très (trop) longtemps à monter. Ce soleil noir de la mélancolie qui étire son ascension jusqu’à impatienter le spectateur, rate son effet. Quel dommage !
Pour conclure sur cette première partie, on peut dire qu’amputée d’une demi-heure, elle dirait tout ce qu’elle a à dire sans lasser personne. En outre, si on se penche sur la gestuelle, on constate qu’elle est assez banale et peu inspirée. Les danseurs, eux, font ce qu’ils ont à faire avec précision et énergie.

La deuxième pièce, Static Shot fait entrer dans un tout autre univers. Les vingt mêmes jeunes sont cette fois bien visibles et portent des tenues qui évoquent la rue bigarrée de nos villes. Avec, toutefois, des interprétations qui montrent qu’on n’est pas dans la copie pure et simple. Le parti pris est de s’inspirer des danses urbaines, non de les montrer. Ce qui fait que les marches-traversées en diagonales, sont absolument impeccables, comme des défilés militaires, à moins qu’on pense à des défilés de mannequins. Les descentes vers le public sont tout autant millimétrées, ainsi que le passage de la droite à la courbe du cercle, allant jusqu’à une ligne de french-cancan. Tout cela se fait dans l’allégresse, avec, de la part des interprètes, un aplomb de bon aloi qui emporte la bonne humeur.

On a affaire ici, à quelqu’un qui regarde notre monde angoissant avec beaucoup d’humour et qui refuse de « faire l’artiste » en se prenant au sérieux.

STATIC SHOT - Maud Le Pladec - Ballet de Lorraine

Static Shot du CCN – Ballet de Lorraine © Laurent Philippe

Informations pratiques

AIR-CONDITION – CCN Ballet de Lorraine

Chorégraphie Petter Jacobsson et Thomas Caley
Images et lumières Tomás Saraceno
Musique Éliane Radigue L’île Re-Sonante (2000)/enregistrement INA GRM –
Groupe de recherches musicales – 2018
Costumes Birgit Neppl avec l’Atelier costumes du CCN – Ballet de Lorraine
Dramaturge Lucie Tuma
Assistants techniques de Tomás Saraceno, Marina Höxter et Andrea Familari
Entraineur judo Cédric Biganzoli
Interprètes 25 artistes chorégraphiques du CCN-Ballet de Lorraine

Durée 60 min

STATIC SHOT – CCN Ballet de Lorraine

Conception et Chorégraphie Maud Le Pladec
Musique Pete Harden et Chloé Thévenin
Lumière Eric Soyer
Conception et création costumes Christelle Koché
Assistante costumes Laure Mahéo
Assistant à la chorégraphie Régis Badel
Assistant à la dramaturgie Baudouin Woehl
Avec la participation de l’Ecole de Broderie d’Art du Lycée Paul-Lapie de Lunéville
Répétitrice Valérie Ferrando
Interprètes 23 artistes chorégraphiques du CCN-Ballet de Lorraine

Durée 25 min

Dates
Vendredi 15 décembre 2023 à 20h

Durée
1h45

Adresse
Opéra Grand Avignon
Place de l’Horloge
84000 Avignon

Informations complémentaires
Opéra Grand Avignon
www.operagrandavignon.fr

CCN – Ballet de Lorraine
ballet-de-lorraine.eu