"AMAZING WOMEN" des conquérantes au Théâtre de Nesle durant le Festival 7.8.9. du 8 au 30 septembre 2022

Amazing Women, mise en scène Karin Damas © Théâtre Actu

La Compagnie Amazing Women (femmes stupéfiantes) propose trois soirées pour découvrir le destin de femmes extraordinaires (3 portraits par soir) lors de la 7ème édition du Festival 7.8.9. du 8 au 30 septembre au Théâtre de Nesle.
Au programme ce soir, le parcours incroyable de trois femmes, de véritables pionnières dans leurs domaines, conquérantes dans l’âme : Alice Guy Blaché, première réalisatrice de cinéma ; Sayyida Al Hurra, gouverneur de Tétouan et Marie Marvingt créatrice de l’aviation sanitaire, femme la plus décorée de France avec plus de 30 médailles. Elles sont de vraies sources d’inspiration.

À l’initiative de ce projet né en 2016, Karin Damas, qui met en scène Amazing Women et joue aux côtés de David Buit, Agnès Falco et Gérard Lescure. À la manière d’une enquête, ils ont investigué, analysé et rendent compte tels des journalistes des vies étonnantes de ces héroïnes. Avec des approches différentes et bon nombre de matières auxquelles viendront s’ajouter les vidéos et les images d’archives qui permettront d’illustrer leur propos. Une belle mise en lumière de la richesse de notre matrimoine.
Karin Damas introduit chaque portrait par cette phrase : « Parce qu’elles ont mis leur intelligence et leur détermination au service de leurs convictions, elles construisent leur destin plutôt que de le subir. ». Une manière de dire combien chacun.e est maître de sa destinée.

Pour Alice Guy Blaché, la narration débute à la première personne installant une proximité avec le personnage. À travers des morceaux choisis de son quotidien, le public découvre un condensé de sa vie et aussi son caractère. Ici et là quelques protagonistes viendront lui donner la réplique, rendant le récit plus vivant. Devant subvenir jeune aux besoins de sa famille, Alice devient sténographe à 21 ans et gravira brillamment les échelons dans la maison Gaumont en tant que réalisatrice, scénariste et productrice de cinéma. Son premier film La fée aux choux en 1896 dont on visionne un extrait est drôlissime. Voir sortir des chérubins de gros choux est assez inattendu. Ce film fait d’elle, la première réalisatrice de l’histoire du cinéma. En 1906, Alice réalise « La vie du Christ » en 25 tableaux avec 300 figurants, le premier péplum et elle reste la seule femme qui a tourné sur la Passion du Christ. De véritables exploits au cours de sa carrière auxquels des hommages lui ont été rendus. Pourtant sur 1 000 films réalisés, seulement 370 ont été retrouvés.
À la fin du portrait, Karin Damas précise qu’l s’agit ici du temps de l’attachement pour donner goût et envie d’aller à la découverte de chaque héroïne. Elle fournit encore quelques informations pertinentes.

C’est ensuite l’histoire de Sayyida Al Hurra, une femme pirate mais pas sur les bateaux. La présentation est encore une fois didactique alternant narration à la première personne et descriptions. Avec la prise de Grenade en 1492, la famille de Sayyida fuit au Maroc et son père fonde Chefchaouen, « la ville bleue ». Mariée très jeune, elle devient à 30 ans gouverneur de Tétouan après la mort de son mari. Elle est surnommée « la dame libre ». Sayyida Al Hurra noue une alliance avec les frères et corsaires turcs Barberousse pour mener des expéditions punitives contre les Espagnols et les Portugais. Leader d’une véritable armée, cette femme en vrai stratège dirige le trafic naval. Grâce au butin et aux rançons réclamées en échange de la libération de prisonniers, ils amassent une fortune considérable. Pour consolider son pouvoir, elle consent une union avec le sultan de Fès à condition de rester à Tétouan afin de poursuivre ses affaires maritimes. En 1542, son beau-fils déposséda Sayyida de son titre et de ses biens. Elle passera les dernières années de sa vie à Chefchaouen et restera à jamais attachée à sa ville natale « Tu seras toujours dans mon coeur Grenade ».
Le récit de cette femme glorieuse manque de relief et s’essouffle. Faire parler quelques Tétouanais n’est pas suffisant. Il aurait été intéressant d’utiliser le médium de la musique ou des images qui se prêtaient bien à cette épopée. Ou bien explorer l’espace scénique pour avoir un rendu moins statique qui aurait été aussi appréciable dans le dernier portrait.

Marie Marvingt est née en 1875 à Aurillac. Sa famille s’installe à Nancy en 1889. Elle se fait connaître avant la guerre 14-18 par ses multiples exploits sportifs que vont nous détailler les quatre comédiens sous forme journalistique. En 1908, Marie Marvingt est la première femme à effectuer officieusement le Tour de France (elle part 10 mn après le départ). En octobre 1909, c’est la première femme à piloter un ballon au-dessus de la mer du Nord et de la Manche de Nancy à Suffolk (Angleterre). En 1910, Marie Marvingt obtient la médaille d’or aux sports d’hiver. L’année suivante, elle établit le premier record de la coupe Femina. À l’aise sur terre comme dans les airs, elle est surnommée « la fiancée du danger ». Elle se déguise en homme pendant la guerre afin de rejoindre le front comme poilu. Elle obtient 4 brevets aéronautiques au cours de sa vie. Équitation, escalade, sculptures, espéranto, cette passionnée est polyvalente et possède de nombreux talents. Quelques photos et une interview inédite viennent illustrer ce parcours incroyable.
Les comédiens de la Compagnie Amazing Women sont de véritables passeurs, attachés à la transmission de ses parcours de femmes légendaires. Découvrez les podcasts de quelques-unes de ces pionnières et laissez-vous inspirer par leur destin.