« Aphrodisia » de Christophe Pellet, à L’Arche-Editeur.

Un article de Pierre-Alexandre Culo.

Dans un univers contemporain pollué d’écrans, de lumières artificielles et de travail en open spaces, les personnages d’Aphrodisia entament malgré-eux une recherche vers un Désir originel et partiellement occulté. Quelle place pour ce désir affectif, amoureux, sincèrement tendre, dans un monde de partage et de réseaux développés à l’extrême ? Christophe Pellet aborde un monde pixellisé, sans pulsation organique, où la recherche mélancolique de ce Désir originel tente de surgir, caché dans les profondeurs mythiques d’un imaginaire collectif. Cette élégie contemporaine surprend par son approche dramaturgique. Entre rêve et réalité holographique, les personnages errent entre le fantasme inquiétant d’une existence numérique hyper-connectée et la réalité morbide d’un corps organique maintenu au minimum de ses fonctionnalités vitales et reproductrices. Plus qu’un corps sexuellement utilitaire,  les personnages d’Aphrodisia recherchent l’existence d’un désir, d’un amour sans finalité.

« Sauver notre amour, cette pauvre petite chose… Parce que si l’on reste ainsi, notre amour ne fera pas le poids. Il sera anéanti par ce flux chronophage dans lequel tu souhaites l’y jeter, puis il s’éteindra, épuisé par ton mode de vie: le travail qui te dévore, les horaires réguliers et la promiscuité que toute cette agitation entraîne. Notre amour ne se reprendra que dans la solitude et sur des chemins autres. Alors seulement le monde nous appartiendra, comme nous appartenons à notre amour. Alors je construirai ton corps. Et il sera inutile et beau. »

Christophe Pellet construit une pièce à la poésie futuriste qui s’élève au-delà de la simple science-fiction. L’auteur développe une appréhension du corps de l’autre numériquement fine, délicate, où les images des personnages se fondent les unes dans les autre tel un acte sensuel extrême. La langue se perd pourtant à plusieurs reprises dans une mystique du discours, une approche explicative de la pensée qui fragilise le rythme de la pièce. Le cœur froid de cette société d’image retrouve peu à peu ses battements grâce à une approche tendre de ces relations amoureuses, en recherche de chaleur, de vérité.


Aphrodisa,

de Christophe Pellet

L’Arche Editeur.

11 euros.

http://www.arche-editeur.com