« AVIDYA, L’AUBERGE DE L’OBSCURITÉ » de Kurô Tanino, Théâtre japonais contemporain

Avidya, l’auberge de l’obscurité de Kurô Tanino paru aux Éditions Espaces 34.
Traduit du japonais par Miyako Slocombe.

Cette pièce pour huit personnages se déroule dans la région d’Hokuriku où se trouvent de nombreuses sources thermales. On appelle ces sites « Vallées de l’Enfer » à cause des sources chaudes qui jaillissent des parois rocheuses. Ce sont des lieux dont les Japonais apprécient les bienfaits. On y trouve de nombreuses auberges donnant accès à une source bénéfique.
Ici, on a affaire à une auberge abandonnée, située dans une vallée très reculée et d’accès difficile. Néanmoins, des gens continuent de la fréquenter en voisins, pour s’y baigner l’été.

L’histoire commence par l’arrivée de deux personnages, un père (82 ans) et son fils (55 ans). Le père est atteint de nanisme et porte les cheveux longs. Cela le rend étrange, bien sûr. Le fils prend soin de lui. Tous deux viennent de Tokyo, à la suite d’une lettre qu’ils ont reçue, les invitant à venir dans ce lieu donner une représentation, car ils sont marionnettistes.
Mais ils ont beau appeler, l’auberge semble vide. Qui a bien pu envoyer cette invitation, alors qu’il n’y a personne pour les accueillir ?

Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Cet endroit vide s’avère très fréquenté. Une aveugle vous masse, un serviteur oublié là, continue de servir, des geishas viennent s’entraîner à jouer de leur shamisen. Là, au moins, elles ne sont pas en butte aux protestations des voisins.

Le dispositif tournant recommandé comme scénographie permet de faire coexister différentes scènes qui se déroulent en même temps au rez-de-chaussée et à l’étage. Sans doute, le spectateur devrait apprécier et suivre avec intérêt cette drôle d’histoire de va-et-vient, de bains et de massages, de conversations étranges, comme un ballet continu et insensé. Chaque personnage semble rejouer indéfiniment le rôle qu’il a tenu dans sa vie, faisant du thé, cueillant des herbes, jouant du shamisen ou tenant des propos obscurs. Les visiteurs eux-mêmes finiront par donner un bref spectacle de marionnettes. Mais à la question initiale « qui a bien pu envoyer l’invitation aux marionnettistes », il ne sera pas répondu.

Cette auberge de l’obscurité, sise dans une vallée de l’enfer, évoque les enfers, en effet. Lieu improbable et totalement illogique, où les gens se croisent comme sans se voir et où l’aveugle voudrait voir de ses propres yeux.

Lire ce texte vous plonge dans la plus grande perplexité. Sans doute la culture japonaise est-elle trop éloignée de la nôtre pour nous permettre d’apprécier vraiment. Il faudrait vraiment en voir une mise en scène pour en connaître la valeur.

Informations pratiques

Auteur(s)
Kurô Tanino

Prix
14,80 euros

Éditions Espace 34
www.editions-espaces34.fr