[Avignon IN] « ALL OF IT » de Alistair Mc Dowall, Où l’on regrette de ne pas être anglophone !

All of it, mise en scène Vicky Featherstone, Sam Pritchard © Christophe Raynaud de Lage

Une comédienne seule sur la scène de Benoît XII, c’est rare dans le IN. Un spectacle en anglais surtitré, en revanche, ce n’est pas rare et cela n’effraie pas les amateurs de théâtre, surtout pour cette édition qui invite la langue anglaise… (ne pas confondre avec le globish)
Le Royal Court Théâtre a encouragé Alistair Mc Dowall à tenter une autre forme de théâtre : une sorte de seule en scène tout à fait original, répondant à des préoccupations autres que faire rire le public à des récits autobiographiques – ou prétendus tels – qui sont un baume au cœur pour les gens stressés en mal de divertissement.

Ici, on ne s’esclaffe pas, même si on rit souvent. C’est que la jeune femme qui nous dit tout, conformément à la promesse du titre, ne nous tend à aucun moment la perche pour nous aider à la suivre dans l’avalanche de ses souvenirs. Elle raconte sa vie au pas de course, dans un langage précis, parfaitement articulé, et sans ménagement. Une langue qui mêle allègrement le style tenu et les expressions triviales, les longues phrases descriptives et les invectives.

Trois parties, donc, mais un seul souci : dire tout de la vie d’une femme semblable à beaucoup d’autres et cependant singulière. Dans la première partie, le décor est une chambre étrange aux murs sinistres, délabrés, peut-être, un lampadaire éclairant une petite table, un fauteuil à oreilles et une grande table avec nappe et bouquet de roses sous laquelle se trouve un lit grillagé. Étonnement : tout cela semble à la fois familier et totalement décalé. D’emblée, la comédienne, sobrement vêtue d’une banale robe verte à motifs, prend la parole et raconte. Elle évoque son enfance, sa relation à ce lieu, aux adultes et à son père, surtout, auprès duquel elle se réfugie dans le fameux lit, à moins que ce soit lui qui vienne la rejoindre. Le débit est continu, les mots semblent se succéder sans qu’elle ait besoin de reprendre son souffle, on lit à toute vitesse ce flot continu d’informations, on est soi-même essoufflé pour elle !

Pour la deuxième partie, les meubles ont disparu ; la jeune femme ne parle plus, elle est dans le registre des sensations, des émotions évoquées par sa voix enregistrée et démultipliée en strates et en échos. C’est le mur qui, tel un test de Rorschach, est le support de ces confidences.

Dans la troisième partie, tout a disparu. Même le mur. La comédienne est seule sur cette scène neutre, avec son micro. Et si elle continue de se raconter, ce n’est plus un récit qu’elle nous fait, ce sont des coqs-à-l’âne vertigineux avec répétitions obsédantes. La performance est éblouissante. Et c’est là qu’on regrette de n’être pas anglophone, parce qu’on est si accaparé par la lecture qu’on n’a pas le temps de regarder vraiment le visage de Kate Flynn. Dommage, parce que, quand on s’autorise à le faire, on est fasciné par ce visage mobile et expressif, … mais on a perdu un bon morceau du texte !

ALL OF IT
ALL OF IT

All of it, mise en scène Vicky Featherstone, Sam Pritchard © Christophe Raynaud de Lage

Informations pratiques

ALL OF IT – Création 2023
Festival IN d’Avignon du 5 au 25 juillet 2023

Texte
Alistair McDowall

Mise en scène et scénographie
Vicky Featherstone, Sam Pritchard

Avec
Kate O’Flynn

Conception Merle Hensel
Lumière Elliot Griggs
Musique et son Melanie Wilson
Vidéo Lewis den Hertog
Régie plateau David Palmer, Charlotte Padgham
Régie lumière et vidéo Johnny Wilson
Surtitrage Naomi Obeng
Traduction pour le surtitrage Harold Manning
Production Simon Evans, Sarah Georgeson

Durée
1h30

Dates
Du 15 au 23 juillet 2023 à 19h au Théâtre Benoît XII, Avignon

Adresse
Théâtre Benoît XII
12, rue des Teinturiers
84000 Avignon

Informations complémentaires
Festival d’Avignon
www.festival-avignon.com

Festival OFF d’Avignon
www.festivaloffavignon.com