[Avignon IN] « EXTINCTION » de Julien Gosselin, Un spectacle de 5h30, comme on les aime !

Extintion, mise en scène Julien Gosselin © Christophe Raynaud de Lage

Julien Gosselin s’intéresse à l’Histoire et à ce qu’elle fait aux humains, à moins que ce soit le contraire.

Pour son nouveau spectacle, Extinction, il se concentre sur ce moment charnière de la fin réelle du XIXème siècle, qui on le sait, a sombré dans la première guerre mondiale, considérée souvent comme le suicide de l’Europe.

D’entrée, on est dans le bain – dans le bain d’aujourd’hui – une rave-party à laquelle nous sommes conviés, les uns massés sur scène autour du DJ, les autres dans la salle. On ne le sait pas encore, mais ce prologue s’avérera éloquent. Pendant le premier entracte qui dure vingt minutes, les techniciens installent l’univers de la Vienne de 1913 : une maison cossue, où se tient une fête entre amis plutôt artistes, certains d’avant-garde, d’autres plus classiques, certains en couple, d’autres amoureux transis, tous avides de sensations fortes, épris de beauté, mais chancelants devant ce qui s’annonce et qui n’est pas nommé, mais qui dégage une forte odeur de catastrophe…

Virtuose, comme toujours, Gosselin allie le jeux des acteurs – recrutés aussi bien en France qu’en Allemagne – et vidéo en temps réel, au plus près des corps et des visages. Étrange comme cette proximité permet en fait, de mettre à distance. Ces gens finalement pitoyables, on pourrait les traiter de façon mélodramatique, cela nous tirerait des larmes de compassion. Mais ici, c’est la réflexion qui est sans cesse sollicitée. Réflexion historique, on l’a dit, mais aussi réflexion sur le théâtre, sur ce que c’est que cet art toujours dépassé et toujours renaissant. Réflexion aussi sur la nature humaine, ses élans et ses vices cachés, ses contraintes et ses aspirations. Schnitzler était un admirateur et un ami de Freud !
Comme dans « l’homme sans qualité » de Musil, on bavarde beaucoup, on ébauche des débuts de projets, on rêve un vague avenir et on boit pour oublier qu’on n’en a aucun. Un monde en extinction, décidément !

Et c’est dans la troisième partie que Thomas Bernhard entre en scène : le grincheux pourfendeur de l’Autriche hypocrite est ici incarné par une femme, une comédienne exceptionnelle venue de la Volksbühne. Après la profusion sonore de la première partie, la profusion visuelle de la deuxième, vient le temps de la sobriété. La scène a été transformée en salle de conférence pendant le second entracte et une cinquantaine de spectateurs prend place autour de la conférencière…

Comme toujours avec Bernhard, il s’agit de dénoncer ce pays prétentieux et médiocre, qui a accueilli Hitler à bras ouverts puis a ouvert ses bras aux Américains… mais peut-on vraiment se défaire de ses origines, de son enfance, des paysages dans lesquels on a grandi ? les parents morts dans un accident de voiture, réveillent à la fois les haines et la nostalgie.

Il se pourrait bien que nous en soyons tous là !

EXCTINCTION
EXCTINCTION
EXCTINCTION
EXCTINCTION

Extintion, mise en scène Julien Gosselin © Christophe Raynaud de Lage

Informations pratiques

EXTINCTION – Création 2023
Festival IN d’Avignon du 5 au 25 juillet 2023

Texte
Thomas Bernhard, Arthur Schnitzler, Hugo von Hofmannsthal

Adaptation et mise en scène
Julien Gosselin

Avec
Guillaume Bachelé, Joseph Drouet, Denis Eyriey, Carine Goron, Zarah Kofler, Rosa Lembeck,
Victoria Quesnel, Marie Rosa Tietjen, Maxence Vandevelde, Max Von Mechow

Dramaturgie Eddy d’Aranjo, Johanna Höhmann
Traduction Henri Christophe, Philippe Forget, Pierre Galissaires, Gilberte Lambrichs,
Anne Pernas Francesca Spinazzi, Panthea
Musique Guillaume Bachelé, Maxence Vandevelde
Scénographie Lisetta Buccellato
Lumière Nicolas Joubert
Son Julien Feryn
Vidéo Jérémie Bernaert, Pierre Martin Oriol
Costumes Caroline Tavernier assistée de Marjolaine Mansot
Cadre vidéo Jérémie Bernaert, Baudouin Rencurel
Assistanat à la mise en scène Sarah Cohen, Max Pross
Accessoires Lisetta Buccellato, David Ferré, Antoine Hespel, Yvonne Schulz, Carlotta Schuhmann
Étalonnage Laurent Ripoll
Régie générale et plateau Simon Haratyk, Guillaume Lepert
Régie lumière Zélie Champeau, Manon Meyer
Régie son Manon Poirier
Régie vidéo David Dubost, Philippe Suss
Surtitres vidéo Anne Pernas
Script vidéo Elsa Revcolevschi

Durée
5h

Dates
Du 7 au 12 juillet 2023, Cour du lycée Saint-Joseph, Avignon

Adresse
Cour du lycée Saint-Joseph
62, rue des Lices
84000 Avignon

Informations complémentaires
Festival d’Avignon
www.festival-avignon.com

Festival OFF d’Avignon
www.festivaloffavignon.com