[Avignon IN] « THE ROMEO », une danse à la mode de Trajal Harrell

The Romeo, mise en scène et chorégraphie Trajal Harrell © Christophe Raynaud de Lage

Après Wellfare de la metteuse en scène Julie Deliquet qui a ouvert la 77ème édition du Festival d’Avignon, la Cour d’honneur du Palais des papes accueille The Romeo du  chorégraphe et danseur nord-américain Trajal Harrell. Né dans l’état de Géorgie, il a travaillé à New-York dans les années 2000 et a été influencé par le voguing , une danse inspirée des poses des mannequins (nom issu du magazine de mode Vogue) créée dans les années 70 à Harlem par la communauté transgenre et gay afro et latino-américaine. Ses inspirations viennent aussi de la danse post-moderne, la danse japonaise butoh et du style classique. Il tente de faire dialoguer tous ces styles de danses dans son travail. Ses œuvres réinterprètent nos passés et se jouent des distances chronologiques, des frontières nationales et culturelles. S’il sillonne le monde, Trajal Harrell est devenu européen depuis quelques temps, il dirige le Schauspielhaus Zürich Dance Ensemble depuis 2019.

Et si The Romeo était une danse ? Si elle avait été transmise de génération en génération depuis la Rome antique ou qui sait peut-être même depuis des millénaires. Il est impossible de confirmer ses origines exactes et son itinéraire. Roméo est mythique, il évoque la figure du séducteur et de l’amoureux qui porte en lui la figure du patriarcat. The Romeo a pu être lié à la tragédie Roméo et Juliette de Shakespeare et être transformé pendant un demi-siècle. Finalement peu importe d’où en serait l’origine nous dit Trajal Harrell, « mythologique, imaginaire, cette danse appartient à tous.tes dans l’ici et le maintenant et chacun.e peut se l’approprier quelque soit son origine, son sexe et sa génération ». Se mettre en mouvement même face au drame. Interprétée par les quinze danseurs et danseuses du Schauspielhaus Zürich Dance Ensemble dont Trajal Harrell, The Romeo retrace l’histoire du Roméo et son avenir. La chorégraphie et les interprètes tentent de retracer les apparitions de cette danse dans le passé et dans l’avenir. Ce bal coloré et entraînant auquel assiste le public fait voyager dans le temps et invite à de douces rêveries.

Sur la scène de la Cour d’honneur du Palais des papes, les danseurs et danseuses accueillent le public et se présentent rapidement. Derrière eux un treillis noir et quelques tabourets de chaque côté.. Si vous vous attendiez à voir la tragédie de Shakespeare, c’est peine perdue. Dans cette histoire, Roméo tombe follement amoureux de Juliette à un bal masqué alors que leurs familles respectives les Montaigu et les Capulet se haïssent depuis des générations. Ce qui laisse présager l’issue tragique de ces amoureux. Par deux portes de la façade médiévale de la Cour d’honneur, des silhouettes noires s’avancent comme sur un podium. Une femme et un homme tiennent une rose à la bouche et l’on présume que ce sont nos amoureux. Le deuxième passage est plus inquiétant car ils arborent des cagoules ne laissant apparaître que les yeux ou des têtes de morts laissant présager de la fin funeste des personnages.

Puis les tableaux s’ouvrent sur le centre de la scène avec des solos, duos ou des farandoles où les corps ondulent sur des pas simples et répétés. La musique accompagne avec grâce les interprètes dans cette création avec du piano, parfois des airs d’opéra. Et l’on pourrait parfois reconnaître dans ces images un tableau antique ou bien futuriste, un véritable voyage dans le temps. Les tenues sont belles, chatoyantes, les costumes, tissus ou accessoires se portent de façon originale. Parfois les corps se dénudent. Et l’on voit là tout l’art du voguing dans l’importance accordée à la féminité, aux vêtements et la grande liberté et vitalité que l’on retrouve lors des « houses ». The Romeo est une danse généreuse, poétique et intemporelle à l’esthétique remarquable. Les danseurs et danseuses sont harmonieux et progressent avec fluidité. Ce spectacle n’a pas fait l’unanimité mais on peut saluer le travail de Trajal Harrell qui propose une expérience de l’ensemble et du partage réjouissante à qui sait le voir et recevoir.

THE ROMEO
THE ROMEO
THE ROMEO
THE ROMEO

The Romeo, mise en scène et chorégraphie Trajal Harrell © Christophe Raynaud de Lage

Informations pratiques

THE ROMEO – Création 2023
Festival IN d’Avignon du 5 au 25 juillet 2023

Mise en scène, chorégraphie, scénographie, costumes
Trajal Harrell

Avec
Frances Chiaverini, Vânia Doutel Vaz, Maria Ferreira Silva, Rob Fordeyn, Challenge Gumbodete,
Trajal Harrell, New Kyd, Thibault Lac, Christopher Matthews, Nasheeka Nedsreal,
Perle Palombe, Norel Amestoy Penck, Stephen Thompson, Songhay Toldon

Répétiteurs Ondrej Vidlar, Vânia Doutel Vaz, Maria Ferreira Silva, Stephen Thompson
Dramaturgie Katinka Deecke, Miriam Ibrahim
Musique Trajal Harrell, Asma Maroof
Musique originale complémentaire Felix Casaer
Scénographie Trajal Harrell, Nadja Sofie Eller
Lumière Stéfane Perraud
Assistanat à la mise en scène Camille Charlotte Roduit
Assistanat à la scénographie Eva Lillian Wagner
Assistanat aux costumes Mona Eglsoer, Lena Bohnet
Stage mise en scène Mia Frick
Régie plateau Aleksandar Sascha Dinevski
Régie générale Andreas Greiner​
Régie son Susanne Affolter
Régie technique Jan Hoffmann
Régie lumière Ulrich Kellermann
Régie costumes et habillage Judith Janser, Liv Senn

Durée
1h15

Dates
Du 18 au 23 juillet 2023 à 22h30 à la Cour d’honneur du Palais des papes, Avignon
Du 7 au 9 décembre 2023 à la Grande Halle de La Villette Paris dans le cadre du Festival d’Automne

Adresse
Cour d’honneur du Palais des Papes
Place du Palais
84000 Avignon

Informations complémentaires
Festival d’Avignon
www.festival-avignon.com

Festival OFF d’Avignon
www.festivaloffavignon.com