Article d’Ondine Bérenger
Chaos sur le ring
« Sauvagement inspiré » des Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes, l’Age Libre lui emprunte ses définitions pour les investir d’histoires personnelles et de réflexions actuelles et féministes sur l’amour et le désir.
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En tenue de boxeuses sur un ring de néon rouges, les trois comédiennes et la violoncelliste de la compagnie Avant l’Aube sont prêtes pour le combat. Leur adversaire ? L’amour. Point de scores annoncés, mais des extraits de l’écrit de Roland Barthes, comme autant de rounds dans lesquels il faut triompher. Dans chacun d’eux se déroule une scène, triste ou drôle, souvent enragée, où s’illustrent les troubles de l’amour, du désir, la difficulté de la relation. La lutte.
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Le parti pris est original et très intéressant, et les comédiennes, extrêmement impliquées, le défendent avec une énergie explosive, presque effrayante. Sans doute excessive. En ce soir de dernière, le déchaînement total des quatre jeunes filles, qui pourrait être un exutoire constructif et captivant, donne plutôt la sensation d’un chaos mal contrôlé, ou d’un défouloir estudiantin où seraient conviés les spectateurs. Si l’on ajoute à cela le manque regrettable de structure ou de fil conducteur clair dans le récit, on tombe malheureusement dans une représentation désordonnée, voire hasardeuse, où le propos se perd.
C’est dommage, car ce travail fourmillait d’idées originales au service d’un sujet intéressant, tant par son origine littéraire que son adaptation moderne et libérée.
L’âge libre
Ecriture collective inspirée des Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes
mise en scène Maya Ernest
avec Inès Coville, Agathe Charnet, Lucie Leclerc, Lillah Vial
Régie Tristan Héraud
du 7 au 30 juillet 2016
Théâtre des Barriques
8 rue Ledru-Rollin
84000 Avignon