Article d’Ondine Bérenger
Messe à la consommation
Reprenant avec une fidélité redoutable la structure d’une messe, parodiant son langage et ses postures d’usage, l’Église de la Très Sainte Consommation propose un spectacle participatif (et éprouvant) d’humour au vitriol sur notre société actuelle dévolue à une consommation outrancière.
Certes, on pourrait dire qu’aborder un tel thème sur scène revient à enfoncer des portes mille fois ouvertes ; cependant, il faut bien admettre que les deux auteurs et interprètes de cette messe parodique le font avec beaucoup de brio. Energie explosive, humour corrosif et véritable recherche formelle sont au rendez-vous pour cette messe assez spéciale où chacun, non seulement participe, mais tient son rôle. Et par-delà les signes ostentatoires se dévoile finalement une réalité peut reluisante : tous, nous sommes formatés par ce qu’ici nous critiquons. En témoigne notre capacité à énoncer le programme de la télévision ou des slogans publicitaires…
L’argent comme Dieu, la croissance comme religion, le progrès comme foi… Si le parallèle semble tiré par les cheveux jusqu’au ridicule, force est de constater que l’image est, finalement, saisissante. Quoiqu’il en soit, si l’Église de la Très Sainte Consommation ne nous fait ni rêver ni oublier nos problèmes, elle sait toutefois nous faire rire de nos propres travers et de ceux des puissants.
Une heure de rire collectif et de vivre-ensemble sans prétention… Une belle communion, en somme, pour cette messe du bling-bling survoltée.
Croissance Reviens
Interprète(s) Alessandro Di Giuseppe
Metteur en scène Aurélien Ambach Albertini
Assistante Sarah Lorquet
Maison IV de Chiffre
26 rue des Teinturiers
84000 Avignon