InKarnè, mise en scène Léa Guillec Cie Deraïdenz © Serge Gutwirth
Un patchwork de tissus rouges s’étale sous nos yeux dans le Théâtre Golovine. Autant de morceaux de tissus cousus les uns aux autres comme autant de morceaux d’existence mis bout-à-bout et qui finissent par tisser la trame d’une vie. De même, les musiques composées par Baptiste Zsilina se succèdent au cours du spectacle, formant une sorte de rhapsodie tout à la fois joyeuse et mélancolique.
Dans ce moment de fragilité, où le temps est comme suspendu, une danseuse apparaît du public et se met à esquisser des pas très académiques. Mais, très vite, tout se dérègle. Les mouvements deviennent mécaniques, et l’interprète semble être aux prises avec la question existentielle du sens même de ce qu’elle est en train de réaliser.
De même que nos vies sont aussi faites d’échecs, de ruptures et de cassures, de même, il faut que la danseuse désapprenne pour mieux réapprendre, et son art n’est rien de moins qu’une métaphore de la vie. Reprendre pleinement possession de soi-même, de sa vie et de son art, se reconnecter à toutes ses émotions, mêmes les plus noires, voilà le chemin qui est tracé par InKarnè : « dans la chair ».
Pour parcourir ce chemin, évocation aussi de l’expérience cyclique de la vie, la danseuse rencontre son double marionnette et se livre à un corps à corps chorégraphique avec elle, empreint de douceur, de grâce, mais aussi de violence, afin de tenter de tracer un chemin vers son Soi et sa liberté.
La compagnie avignonnaise Deraïdenz réalise depuis quelques années maintenant un travail remarqué autour de la marionnette. Une fois de plus, Baptiste Zsilina s’est illustré dans la construction d’une marionnette à taille humaine, possédant son identité propre, à laquelle la danseuse Marion Gassin donne vie grâce à un travail de manipulation précis et inspiré, épousant parfaitement la chorégraphie de l’ensemble. Elle fait ainsi preuve d’une belle présence scénique du début à la fin du spectacle et entraine totalement le public dans sa quête initiatique. De plus, la mise en scène de Léa Guillec donne une grande lisibilité au parcours d’ensemble de la danseuse et de son double marionnettique. InKarnè est ainsi un moment de poésie suspendu entre rêve et réalité.
InKarnè, mise en scène Léa Guillec Cie Deraïdenz © Serge Gutwirth
Informations pratiques
INKARNÈ – Compagnie Deraïdenz – Première à Avignon
Festival OFF d’Avignon du 7 au 29 juillet 2023
Mise en scène
Léa Guillec
Avec
Marion Gassin
Construction Marionnette & Composition musicale Baptiste Zsilina
Création Décor Barbara Fougnon et Salvatorè Pascapé, avec Sarah Rieu et DERAÏDENZ
Costumes DERAÏDENZ et S. Pascapé
Mixage Musique Arthur Bohl
Technique Coline Agard, Baptiste Zsilina, Léa Guillec
Lumière Loris Lallouette
Musiciens bande originale Hugo Boulanger, Eric Chanas, Soraya Chaubert, Etienne Beauny, Alexis Borrely, Baptiste Zsilina, Antoine Van Zidje, Dorian Mignerat, Lucien Craviatto, Jana Thoman
Dates
Du 7 au 27 juillet 2023 à 20h15 au Théâtre Golovine, Avignon
Le 21 juin 2024 au Campus Pont de Bois, Université de Lille, Villeneuve-d’Ascq (59)
Durée
50 mn
Adresse
Théâtre Golovine
1 bis, rue Sainte-Catherine
84000 Avignon
Informations complémentaires
Théâtre Golovine
www.theatre-golovine.com
Festival OFF d’Avignon
www.avignonleoff.com
Compagnie Deraïdenz
www.compagniederaidenz.com