Article d’Ondine Bérenger
Sensualité délicate
Montage de textes érotiques du quatorzième siècle à nos jours, empruntés à des auteurs aussi divers que Baudelaine, Robbe-Grillet ou Laurent Gaudé, la Nef d’Ishtar nous plonge dans un univers sensuel et pluriel, et nous fait redécouvrir, au milieu du voyeurisme du monde actuel, la délicatesse du désir et la puissance évocatrice de la littérature.
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Seule en scène, Jade Saget incarne l’antique déesse Ishtar, figure d’une féminité libre, belle et sensible, dénuée de toute vulgarité. Dans la pénombre d’un plateau recouvert de velours rouge, comme dans un écrin, elle se glisse du canapé au fauteuil, se dissimule derrière un voile ou passe dans le public avec une souplesse de danseuse. La lumière dessine autour d’elle un clair-obscur de tableau tandis que sa voix grave nous caresse doucement.
Tantôt espiègle, mystérieuse, sauvage ou délicate, Jade Saget nous offre une interprétation toute en nuances de cette multitude de textes parfois méconnus, ou au contraire très célèbres, qui constituent la littérature française dans toute la diversité de son histoire. On redécouvre, au cours de cette traversée, le poids, la force et la beauté des mots qui, bien mieux que n’importe quelle image, peuvent réveiller nos sens et susciter notre émotion.
C’est alors avec un grand sourire que nous sortons de ce voyage intimiste et sensuel à travers les époques.
La Nef d’Ishtar
Interprète(s) Jade Saget
Metteur en scène/scénographe Alain Igonet
Costumière Liliane Tomei
Du 7 au 30 juillet 2016
Centre Européen de Poésie d’Avignon
4-6, rue Figuière
84000 Avignon