Tiago Rodrigues, présentation de la programmation de la 77ème édition du Festival d’Avignon
© Christophe Raynaud de Lage
« Avignon réunira et Avignon donc existera. » c’est ce que se serait exclamé Jean Vilar en 1947, quelques semaines avant la première Semaine d’Art dramatique, alors qu’il rencontrait de grandes difficultés pour organiser la première édition de ce qui allait devenir le Festival d’Avignon.
76 ans plus tard, c’est avec ces mots que le dramaturge, producteur, metteur en scène et acteur portugais Tiago Rodrigues ouvre l’éditorial de ce qui sera sa première programmation à la tête du Festival d’Avignon. Du 5 au 25 juillet, les spectacles présentés s’inscriront notamment dans deux grands axes tracés par le nouveau directeur.
Tout d’abord, l’intention de mettre chaque année à l’honneur une langue différente. Car plus qu’un simple moyen de communication, une langue est aussi une fenêtre ouverte sur le monde, qui en donne une vision singulière. Première langue invitée (assez naturellement) : l’anglais. Le Royaume-Uni est donc bien représenté dans la programmation, avec pas moins de cinq spectacles. Ainsi, le créateur de théâtre expérimental britannique Tim Crouch présentera deux pièces : An Oak Tree, création datant de 2005 mais inédite en France, et Truth’s a Dog Must to Kennel, librement inspirée du Roi Lear de Shakespeare. L’immense dramaturge anglais sera aussi présent en français dans le texte grâce à une adaptation du Songe d’une nuit d’été réalisée par l’artiste français Gwenaël Morin. À cela s’ajoutent L’Addition, spectacle itinérant de cette 77ème édition conçu par l’artiste et écrivain anglais Tim Etchells, un focus sur le dramaturge contemporain britannique Alistair McDowall à travers All of it, trois monologues pour une même actrice produits par le Royal Court Theatre de Londres, et enfin The Confessions, écrit et mis en scène par Alexander Zeldin. Mais l’anglophonie ne se limite bien sûr pas au Royaume-Uni et deux spectacles en provenance des États-Unis seront également présents : Baldwin and Buckley at Cambridge par la compagnie new-yorkaise Elevator Repair Service, ainsi que The Romeo, spectacle de danse présenté dans la Cour d’honneur du Palais des Papes par le chorégraphe et danseur nord-américain Trajal Harrell.
Ensuite, il y a, pour Tiago Rodrigues, un autre fil rouge qui se déroule dans sa programmation : celui du regard sensible posé par les artistes sur la vulnérabilité humaine. De nombreuses formes de vulnérabilités seront effectivement abordées dans les spectacles de cette 77ème édition. La vulnérabilité sociale, d’abord, par exemple à travers Welfare, d’après le film de Frederick Wiseman, au cours duquel la metteuse en scène française Julie Deliquet présentera une journée particulière dans la vie des sans-abris, des apatrides, des travailleurs, des mères célibataires et des démunis qui se succéderont aux guichets d’un centre d’aide sociale improvisé dans la Cour d’honneur. Vulnérabilité liée à la question des violences faites aux femmes ensuite, avec la performance choc de Carolina Bianchi et Cara de Cavalo : A Noiva e o Boa Noite Cinderela ; ainsi que le spectacle de la chorégraphe française Mathilde Monnier, Black Lights. La vulnérabilité liée aux questions écologiques aussi, avec notamment Antigone in the Amazon, mis en scène par Milo Rau, rencontre entre la tragédie antique et la tragédie de la déforestation en Amazonie.
La nature et le plein air auront d’ailleurs une place prépondérante dans ce Festival, avec Paysages partagés, sept pièces d’artistes internationaux présentées sous la forme d’une déambulation en plein air sous les arbres, en dehors d’Avignon, ainsi qu’une adaptation du roman de Jean Giono Que ma joie demeure par Clara Hédouin, à travers une marche d’environ 6h30 en pleine nature : départ de la randonnée à… Six heures du matin ! Un lieu de plein air historique du Festival d’Avignon fera aussi son grand retour cette année : la carrière de Boulbon, où le metteur en scène français Philippe Quesne présentera Le Jardin des délices, spectacle inspiré du tableau éponyme de Jérôme Bosch. À noter également le grand retour de la chorégraphe belge Anne Teresa De Keersmaeker, avec une nouvelle création ainsi que la reprise d’une pièce qui a fait date dans l’histoire du Festival d’Avignon : En Atendant, créée en 2010 au Cloître des Célestins et reprise cette année dans le même lieu. C’est d’ailleurs une autre volonté de Tiago Rodrigues : reprendre chaque année une pièce qui a marqué l’histoire du Festival. L’artiste portugais sera de plus présent dans la Cour d’honneur du Palais des Papes le 25 juillet, pour une clôture en forme de feu d’artifice de cette 77ème édition avec une date unique de son spectacle mythique en forme de manifeste théâtral : By Heart.
Tiago Rodrigues, présentation de la programmation de la 77ème édition du Festival d’Avignon
© Christophe Raynaud de Lage
Informations pratiques
Festival d’Avignon 77ème édition
Dates
Du 5 au 25 juillet 2023
Adresse
Festival d’Avignon
Cloître Saint-Louis
20, rue du Portail Boquier,
84000 Avignon
Informations complémentaires
Festival d’Avignon
www.festival-avignon.com