« AXE  »  L’alchimie de l’absurde

Grâce à une succession de tableaux sans suite apparente, deux comédiens se rencontrent et nous font vivre la déchéance et l’orgueil d’un monde qui part en vrille. Axe est ce genre de pièce qui nous montre le théâtre autrement. Le sixième art n’est pas que scènes, actes, et dialogues clamés haut et fort. Mais aussi la recherche approfondie d’un mouvement – de danse, de pas chassés – dans toute sa simplicité et son expressivité. La recherche d’un état d’ivresse – des éclats de rires de plus en plus fort, de plus en plus fous. La déclinaison d’un mot ou d’un groupe de mots – « darling, we don’t have anymore tea » en plusieurs degrés d’intensité, l’intonation d’une voix changeante, ou encore l’utilisation d’un costume peu ordinaire. C’est le fameux cocktail étincelant entre théâtre d’objet et théâtre de texte. L’union d’Agnès Limbos (Compagnie Gare Centrale) et de Thierry Hellin (Une Compagnie), qui scellent avec Axe  le fruit d’un travail porteur et complémentaire. L’absurde par le geste, par la richesse de langage, il fallait y penser.

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© Alice Piemme

La pièce s’ouvre sur deux individus dans leur salon bourgeois. Ils prennent le thé, muets, en robes de chambre rétrécie. La décoration est d’un mauvais goût apparent (le portrait d’un chien suspendu maladroitement au mur), le tapis luxueux et pesant… nous sommes dans un monde qui n’est plus. La femme s’inquiète de n’avoir plus de thé Darjeeling, dans une entrée en matière hilarante, mimant une course effréné à travers les bois en faisant du sur-place sur sa chaise. Son « darling » se lève et entre dans le réfrigérateur et rit à s’en briser les côtes. Tout a avoir, ou rien avec l’action précédente. Mais la raison n’est plus, de même que ces personnages sont seuls et perdus au milieu de nulle part. Dans cette étrange critique sociale, les réactions attendues ne viennent pas, on se trouve face à l’indifférence, au désabusé. Le public est désemparé avant d’être charmé. Car si l’époque narrative semble difficile à situer, l’humour est toujours au rendez-vous, le ridicule étant le maître mot pour incarner cette haute société déchue, qu’elle soit anglaise, russe ou française. Et quand tout s’écroule, il y a encore le rire, la décadence par la fatigue et l’alcool, et être deux, enfin, dans cette même galère.


Informations pratiques

Auteur(s)
Compagnie Gare Centrale
&
Une Compagnie

Mise en scène
Agnès Limbos et Thierry Hellin

Avec
Agnès Limbos et Thierry Hellin

Dates
Du 9 au 14 mai 2017

Durée
1h10

Adresse
Maison des métallos
94 rue Jean-Pierre Timbaud
75011 Paris

http://www.maisondesmetallos.paris