[BIAM 2019] "LA MARCHE DES ÉLÉPHANTS" L’adieu à l’ami de la Cie Formiga Atómica

La Marche des Éléphants © Paulo Nogueira

Sur scène quatre espaces contigus recouverts de tulle, à gauche sur un tissu blanc quelques objets miniatures constituent la savane. Le conteur silencieux pénètre dans une première « case » où une multitude de petits personnages éclairés par un halo lumineux tombent de-ci de-là comme happés par le noir. Ces êtres filmés par une petite caméra et magnifiés par leur ombre projetée sont comme des instantanés de vie, une allégorie poétique de notre humanité et de notre microcosme terrestre. Oscillant entre la vie et la mort (et ses représentations), sur la scène ouverte ou bien dans les quatre abris tullés tendus vers le ciel, La Compagnie Formiga Atómica lève le voile avec délicatesse sur un sujet qui reste un mystère celui de la mort. De quelle manière dire adieu à un être aimé, un ami ou un parent ? Comment parler aux enfants de cette perte douloureuse qui fait partie de la vie ? Au cœur de l’Afrique du Sud, l’histoire étonnante de Lawrence Anthony venu s’installer avec sa femme Françoise dans la réserve de Thula Thula (paix et tranquillité en zoulou) et qui prend soin d’un troupeau d’éléphants. Images projetées, ombres, ambiance créée par les lumières, chansons, l’imaginaire vogue tandis que les pachydermes en file indienne viennent rendre un dernier hommage à « L’homme qui murmurait à l’oreille des éléphants » (titre du dernier ouvrage de Lawrence Anthony écrit en 2011).

La création La Marche des Éléphants est mise en scène et interprétée par Miguel Fragata sur un texte de la dramaturge Inês Barahona. La profusion d’objets (plus de 120) contraste avec le thème abordé : la solitude à travers cette perte et aussi les actes que l’on accomplit seul pour honorer un défunt. La scénographie est soignée et les jeux d’ombres et lumières contribuent à apporter une certaine légèreté. Le narrateur réussit habilement à captiver l’attention puisqu’il annonce ne pas parler de la « mort » et ne plus prononcer ce mot durant le récit. Il prend à témoin les enfants qui veilleront au bon respect de cette règle. Les manipulations tendent à la magie quand elles servent des rituels mortuaires. Une belle proposition qui amène les interrogations des enfants dans un moment d’échanges. Fruit d’un travail préparatoire important auprès de 200 enfants, ce duo d’artistes de la Cie Formiga Atómica a créé deux versions du spectacle : une à l’origine en portugais puis cette version en français. Le spectacle tourne avec succès depuis 2013 et s’inscrit dans le programme de la Biennale internationale des Arts de la Marionnette 2019. Il se jouera les 14 et 15 septembre au Teatro Nacional D. Maria II à Lisbonne. Cette jeune compagnie née en 2014 s’intéresse aux sujets d’actualité en s’adressant aux jeunes : l’éducation, l’adolescence, les changements climatiques, les réfugiés. Pour ce dernier thème, le duo complice a créé pour Chantiers d’Europe 2017, le spectacle Au-delà de la Forêt, le Monde qui était en ouverture du 72^ème Festival d’Avignon IN et en mars dernier au Théâtre de la Ville. Ces spectacles avec de belles tournées sensibilisent les jeunes générations et posent les mots sur les préoccupations de notre société actuelle.

La Marche des Éléphants © Susana Paiva

Informations pratiques

Biennale internationale des Arts de la Marionnette – 10^ème édition

La Marche des Éléphants, Cie Formiga Atómica – Création 2013

Auteur(s)
Inês Barahona
Traduit du portugais par Luís de Andrea

Mise en scène
Miguel Fragata

Avec
Miguel Fragata

Scénographie et costumes Maria João Castelo
Musique Fernando Mota
Lumières José Álvaro Correia
Direction technique Pedro Machado
Appui à la dramaturgie du point de vue de la psychologie de l’enfant Madalena Paiva Gomes
Appui à la dramaturgie du point de vue de la pédagogie Elvira Leite
Conseils artistiques Giacomo Scalisi, Catarina Requeijo et Isabel Minhós Martins
Production Clara Antunes / Formiga Atómica