« BLANC », une ode à la libération du coeur

Blanc, de et avec Sébastien Wojdan © Jean-Claude Leblanc

Blanc est un spectacle de la Cie Galapiat qui parle d’enfermement, explore nos cages et cherche l’évasion. Plus qu’avec les objets, c’est avec les pratiques et les thèmes que Sébastian Wojdan semble jongler, dans un fourmillement éclatant qui révèle pourtant une profonde cohérence. La couleur blanche est d’abord omniprésente, lisse, inscrite dans une scénographie renfermée qui ressemble à une camisole ou à une salle de laboratoire. L’acteur arrive après, au retour d’une course de 10 km dont il ressort essoufflé et suant. Les spectateurs arrivant assez tôt peuvent le croiser sur le chemin, comme un moment d’évasion qui prépare la libération finale. En ressort une énergie étonnante, posée tout en restant malicieuse, et qui crée très vite une complicité avec le public ; la gravité du thème et des images, parfois difficiles, trouve sans cesse sa balance dans des moments où douceur et humour mènent à une grande intimité.

Tout en parlant de ses prisons mentales, Sébastien Wojdan sait percer intelligemment le 4ème mur, du regard complice au chant collectif, et cette adresse confère au spectacle l’aura de confiance nécessaire pour s’exprimer plus librement. Seul en scène, bien qu’aidé à la création par Franck Beaumard, il jongle avec divers matériaux réunis par des idées de froideur, de danger, voire d’autodestruction. Le lexique du métal s’allie à la couleur blanche pour poser la question du monstre intérieur, de pourquoi on le cache, et de ce que l’on gagnerait à s’explorer.

C’est une dissection du cœur humain qui s’opère. Obsédé par l’idée de mouvement, la pratique du jongleur contamine l’ensemble de la scénographie, élaborée avec Lucile Bouju ; tout comme lui, les objets semblent vouloir échapper à l’immobilité, et sans être constamment manipulés, ils sont mis en mouvement. Mais on est loin d’une simple idée de scénographie : le mouvement est bel et bien une obsession paradoxale, à la fois bénéfique et destructrice. L’artiste évoque les thèmes de la dysmorphie corporelle et de l’anorexie boulimique par un endroit très personnel, où la course est à la fois le moyen de se vider la tête mais aussi le complexe d’un certain perfectionnisme du corps. Le sport devient le prolongement de la haine de soi, du monstre à corriger. De fil en couteau, cette idée prend toute sa puissance dans la pratique même du jonglage : le succès d’un tour satisfait, mais l’échec touche bien plus. En cultivant l’art d’échouer – tout en s’astreignant à réussir – Sébastien Wojdan crée un équilibre miraculeux de précarité pour la pièce, où tout est remis en jeu à chaque étape. Une destruction jouissive, une incroyable perte de contrôle, où les artistes comprennent que le mot est prison et que le symbole libère.

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Blanc, de et avec Sébastien Wojdan © Jean-Claude Leblanc

Informations pratiques

BLANC Création mars 2022 – Cie Galapiat

Création
Sébastien Wojdan

Avec
Sébastien Wojdan
Régie générale Thomas Roussel
Regards extérieurs Bauke Lievens, Félicien Graugnard, Federico Robledo, Chloé Derrouaz
Constructions Sébastien Wojdan, Franck Beaumard, Lucile Bouju
Création son et accessoires Franck Beaumard
Création Lumière et visuelle, chant Lucile Bouju
Régie lumière, projection et accessoires Marie Roussel ou Bénédicte Michaud

Dates
Du 22 au 30 septembre 2023 au Théâtre Silvia Monfort, Paris
Les 31 octobre et 1er novembre 2023 au festival Theater Opt de markt – Dommelhof, Neerpelt (Belgique)
Le mardi 14 mai 2024 au Prato, Lille (59)

Durée
1h05

Adresse
Théâtre Silvia Monfort
106, rue Brancion
75015 Paris

Informations complémentaires

Théâtre Le Monfort
www.lemonfort.fr

Compagnie Galapiat
galapiat-cirque.fr