"BOXE BOXE " Tyson, Chaplin et Schubert se mettent au hip-hop

Par où commencer ? Boxe boxe est une énorme claque dans la gueule, un uppercut direct dans le cerveau, une danse violemment jouissive – combat truqué, le spectateur n’a aucune chance de détester ce spectacle.
Passé par les arts martiaux, le cirque, adepte des créations multi-disciplinaires, Mourad Merzouki fait figure de référence dans le monde du hip-hop depuis les années 90. Le parallèle entre la danse et les arts martiaux l’intéresse depuis longtemps, d’où la création de Boxe Boxe en 2010.

Ce qui frappe (le jeu de mot minable est complètement assumé) d’entrée, c’est l’ambiance. On s’attend à sentir la sueur, trouver un ring, quelque chose de froid, et on découvre quatre musiciens (le Quatuor Debussy, qu’on ne présente plus), assis dans des fauteuils en fer-forgé que Tim Burton ne renierait pas. On pense trouver de la violence (et elle existe, évidemment), et on découvre des boxeurs des années trente, avec des justaucorps rayés absolument parfaits. Les gants de boxes sont marionnettes, les combats chapliniens, les musiciens acteurs complet de ce spectacle hybride : la grande force vient de cette alchimie parfaite entre ces arts, martiaux ou non qui se mélangent génialement ici.

Boxe boxe est souvent hilarant – le sens du jeu des danseurs est impressionnant et l’arbitre-bouboule aurait fait des merveilles dans le cinéma muet- mais surtout très dense (danse ?). Ce qui touche et rend le propos universel, c’est ce combat permanent contre l’autre, ou les autres, ou soi-même ; boxeurs et artistes suent, affrontent les regards étrangers des adversaires et du public, tout ça transpire la passion et l’humain.
Et cette symbiose collective doit beaucoup au Quatuor Debussy et A’sn, qui composent la musique de cette fresque guerrière. La présence des musiciens sur scène décuplent les possibilités de jeu, et la complicité évidentes des musiciens et danseurs donne à voir quelque chose de tout simplement magique.

Le spectacle n’a pas de fil rouge à proprement parler : à chacun de se faire son histoire, et on garantit sans risque que ça vaudra le coup. Boxe boxe est un spectacle que l’on regarde bouche bée – au risque de se bloquer la mâchoire. Et quand on en sort, on voudrait déjà le revoir.
Et ça vaudrait toujours le coup.

Informations pratiques

Direction artistique et chorégraphie
Mourad Merzouki

Avec
Diego Alves Dos Santos dit Dieguinho, Rémi Autechaud dit RMS, Guillaume Chan Ton, Aurélien Chareyron, Aurélien Desobry, Frédéric Lataste, Cécilia Nguyen Van Long, Teddy Verardo, musiciens : Christophe Collette, Cédric Conchon, Vincent Deprecq, Marc Vieillefon