« Champs d’Appel », de François Lanel, au Théâtre de la Cité Internationale

Un article d’Ondine Bérenger

 

A la recherche d’un ailleurs 

 

Avec son titre mystérieux évoquant un chant lointain, Champs d’appel  fait partie de ces pièces inclassables dont on ne saurait dire tout à fait de quoi elles parlent. David et Léo sont deux explorateurs sans âge, curieux de tout qui, partant d’une conférence scientifico-artistique, se lancent à la découverte du monde qui les entoure. Sur le plateau, ils cherchent, fouillent, inventent, imaginent d’autres horizons et des histoires rocambolesques émergeant du chaos, sans limite.

© Jean-Pierre Estournet

Il faut accepter de se laisser glisser dans cet univers en constante métamorphose, et pour cela, abandonner toute idée de raison ou d’intellectualisation. A mi-chemin entre le flot tranquille d’un conte enfantin et la mélancolie du terrain vague, les deux aventuriers nous emmènent dans les méandres de notre propre imagination. Deux points cardinaux : le désir de créativité et la capacité d’émerveillement. Imaginer les insectes sous la terre du plateau, combattre des géants, conquérir l’espace : tout est possible sur une scène de théâtre, avec trois fois rien : il suffit d’apprendre à se saisir de la matière et de rêver les choses. C’est cette improbable possibilité à laquelle François Lanel, dans cette création, nous confronte. Dans leur quête joyeuse et insensée, les deux personnages ne sont pas sans rappeler Don Quichotte et Sancho Panza, lorsqu’armés d’un manche à balai et coiffés d’une corbeille, couvercle de poubelle en bouclier, ils s’attaquent à une structure de bois bancale et informe. Avec une conviction d’enfants, Léo Gobin et David Séchaud jouent véritablement avec tout ce qu’ils rencontrent comme si c’était la première fois. On ne sait pas où l’on va, mais on se laisse porter, car il est vrai qu’un tel hommage à la création et à la découverte entraîne une sensation rafraîchissante de voyage.

Ces deux Castors Juniors, comme deux Petits Princes, à mille miles de toute terre habitée, font émerger à travers leur errance comme une bulle de rêve, où l’on se plaît à s’arrêter un moment avant de retourner à la réalité.

 


 

Champs d’Appel 

 

direction artistique François Lanel 

collaboration artistique Valentine Solé 

avec Léo Gobin & David Séchaud 

scénographie David Séchaud 

avec la participation de Thibault Moutin 

son Lucas Herberg 

régie générale & lumière Maëlle Payonne 

 

du 16 au 23 mars 2017

 

Théâtre de la Cité Internationale 
17 boulevard Jourdan 
75014 Paris 

 

http://www.theatredelacite.com