Article de Bruno Deslot
Une expérience sans cesse renouvelée
Un magnétiseur se présente au public, expliquant son numéro pour lequel il a besoin d’un partenaire improvisé chaque soir pour lui donner la réplique. Ce dernier ne connaît rien du texte de la pièce, de son déroulement et de ce qu’il raconte. Tout est entre les mains du magnétiseur. De tournées en tournées, le magnétiseur rencontre chaque soir une personne différente sur scène, mais un soir, son partenaire improvisé le met face à une réalité à laquelle il ne s’attendait pas : la mort d’une petite fille.
© Vincent Jarousseau
Entrer par la fable pour présenter la pièce de Tim Crouch serait assez réducteur car la structure de la pièce est en thème et variations offrant une musicalité assez dérangeante voire déstabilisante. Le dispositif scénique est double. La scène frontale est celle du magnétiseur qui effectue son numéro d’hypnose. Les scènes entre le magnétiseur et le partenaire improvisé se jouent en bifrontal afin de mieux retrouver cette notion de naturalisme qui émane du texte de T.Crouch rédigé de manière très serrée, presque obsessionnel. Le tension en est donc toujours plus exacerbée et permet d’amener le spectateur vers une appropriation plus explicite de l’enjeu de la proposition.
Claire, une jeune fille se rendant à sa leçon de piano, meurt accidentellement, écrasée par le magnétiseur quelques mois auparavant. Le père de la jeune fille, Andy, voit une affiche du spectacle du magnétiseur, entre dans la salle pour demander au meurtrier des explications. Engagé comme réplique amateur, ce dernier rejouera chaque soir le drame de sa vie.
Toute la complexité de cette pièce repose sur un phénomène inversé, celui de l’hypnotiseur hypnotisé. Le père passif, affirme la puissance de l’imaginaire sur le réel et finit par investir un personnage imprévisible. Le spectateur assiste à un moment de « re-création » d’un homme qui au terme d’un parcours initiatique, malgré une réalité subie, se réinvente sans cesse. « Ma fille n’est pas morte, elle est devenue un chêne ».
Les ramifications de la noblesse de cet arbre sont à l’image de l’expérience que fait vivre l’auteur aux spectateurs.
Un chêne
de Tim Crouch
texte publié en anglais sous le titre An oak tree, Oberon books
traduction et mise en scène Jean-Marc Lanteri
ce texte a été lu à la Mousson d’été (festival des écritures contemporaines) en 2014
avec Marc Bertin,
et un acteur ou une actrice invité(e), chaque soir différent(e) : Jean-Pierre Baro, Xavier Béja, Dominique Boissel, Géraldine Bourgue, Arnaud Churin, Christophe Huysman, Bernard Nissille, Catherine Fourty, Mélanie Leray, Anne Massoteau, Pauline Moulène, Lola Naymark, David Noir, Benoit Peillon, Violaine Scwartz, Manon Thorel, Esther van den Driessche, Valery Volf et Emmanuelle Wion.
création lumière Dominique Dolmieu
régie Antoine Michaud
du 11 octobre au 5 novembre 2016
La maison d’Europe et d’Orient-théâtre du Viaduc
3 Passage Hennel
75012 Paris
Autour d’Un Chêne
Autour d’Un Chêne, première création de Tim Crouch en France, La Compagnie Bela Justic s’associe à deux événements :
- – Paris IV-Sorbonne organise un colloque intitulé « British Theatre in the 21st century : New texts… Plus d’informations : vale.paris-sorbonne.fr
- – Le Groupe Radac – Recherche sur les Arts Dramatiques Anglophones Contemporains, consacre le numéro 30 de sa revue Coup de théâtre à Tim Crouch sous le titre « Tim Crouch ou la scène émancipée. »
En savoir plus : www.radac.fr