"CONFÉRENCE DE PRESSE À LA FABRICA", LE 78ÈME FESTIVAL D'AVIGNON ARRIVE ! Tiago Rodrigues présente sa programmation

Tiago Rodrigues et son « artiste complice » Boris Charmatz, présentation de la programmation de la 78^ème édition du Festival d’Avignon
© Christophe Raynaud de Lage

Rituelle et toujours attendue, la conférence de presse du festival In s’est donc tenue ce 3 avril 2024 à la Fabrica. Public nombreux et sur scène une part importante des 700 collaborateurs qui permettent à ce festival d’avoir lieu. Placer tout ce monde prend du temps. Quand chacun a trouvé sa place, Tiago Rodrigues prend la parole pour introduire l’événement : « Je m’appelle Tiago Rodrigues et je travaille au festival d’Avignon ». C’est sa phrase rituelle, un clin d’œil complice. Le public apprécie. Son premier souci est de faire applaudir les sept cents personnes qui, comme lui, travaillent au festival ; ce que l’on fait bien volontiers.

Françoise Nyssen, présidente du festival, est invitée à prendre la parole : elle remercie Tiago pour le festival 2023. Merci aux organisateurs, merci au public, celui qui vient de loin et aussi et surtout, celui qui vit sur ce territoire. Elle cite Salman Rushdie selon qui ce qui rend la littérature nécessaire, c’est qu’elle permet de rendre compte de l’immense diversité du monde. À une époque où l’on cherche à nous définir de façon de plus en plus étroite, à nous limiter dans nos désirs, à nous simplifier, il est important que demeurent des lieux où s’expriment les hésitations et les doutes.

Viennent ensuite les politiques : la vice-présidente du département, le vice-président de la région, le vice-président du Grand Avignon, la maire d’Avignon ; chacun souligne l’importance du festival pour la ville et la région entière, ainsi que le soutien apporté. Un fait nouveau est à souligner : le nombre des TER sera augmenté et les derniers partiront à 23h30. Ceci dans un souci de mobilité douce. Limiter le recours aux voitures est très important. Tiago pose ensuite une question : pourquoi organiser encore un festival, dans un monde qui va très mal et dont on pourrait penser qu’il a d’autres besoins … ? « Je cherche les mots. » cette phrase, prononcée par une jeune fille qui participait l’an dernier à l’opération première fois, met l’esprit en éveil. Quels sont les mots ? ceux qui ont surgi : citoyenneté, découverte, éveil, amour de la différence, amour combattif… Reste une énigme : comment le faire ? les chiffres parlent.
21 lieux
37 projets
300 événements
219 représentations
121 000 billets payants

Tiago Rodrigues, présentation de la programmation de la 78^ème édition du Festival d’Avignon
© Christophe Raynaud de Lage

Cette année, le festival durera deux jours de plus. Moins de pièces présentées, mais plus de représentations pour chacune d’elles, afin de limiter les frustrations de spectateurs.
Avignon est un festival de création. 83% des spectacles seront des créations et 70% le sont en co-production avec le festival. Soulignons encore l’exacte parité (19 hommes et 19 femmes seront les créateurs présents) ainsi que la pluralité (17 artistes français, 21 artistes internationaux)

Cette année, la langue invitée est l’espagnol. Tiago fait une courte déclaration dans cette langue pour appuyer son propos. Mais il souligne que, si le programme est international, l’affiche évoque les ocres de Provence. Et puis il appelle son « artiste complice » Boris Charmatz qui est désormais à la tête du Tanztheater Wuppertal, successeur de Pina Bausch qui a beaucoup fréquenté le festival. Il sera présent avec trois projets : un atelier danse en cercle ouvert à tous (200 participants possibles), liberté Cathédrale qui passera de la cathédrale à une prairie sur la Barthelasse, et une réinterprétation de Café Müller sous le titre : Pina For Ever, un spectacle qui durera 7 heures mais pourrait durer à jamais… attention : les spectateurs ne sont pas tenus de rester 7 heures, car le principe est cyclique.

Le but de Charmatz, c’est de mêler passé, présent et futur et de faire coïncider la France et l’Allemagne. Il dit en souriant que les deux pays construisent en commun un tank, nécessaire, sans doute, ils ont Airbus, formidable, il leur faut aussi la culture, donc la danse. Joli projet.

Ensuite, Tiago déroule la présentation des spectacles programmés. On peut les trouver en ligne pour avoir tous les détails. Soulignons le retour d’Angelica Liddell, avec les Funérailles de Bergman, celui de la Comédie Française pour Hécube, pas Hécube de Tiago Rodrigues à la Carrière Boulbon, celui de Caroline Nguyen avec Lacrima , celui également de Warlikowski, avec Elisabeth Costello…, une entreprise d’envergure de Gwenaël Morin autour de Quichotte, la présence d’un artiste avignonnais, Baptiste Amann avec Lieux Communs ; la présence de Lorraine de Sagazan pour Léviathan à Aubanel et pour une installation à Lambert Monte di Pietà et la création prévue l’an dernier de Mother, a song for wartime de Matha Gornicka à la cour d’honneur. Et toujours Vive le Sujet au jardin de la Vierge ainsi que les spectacles itinérants.

Les autres spectacles venus d’Amérique du Sud semblent passionnants et les soutenir est important à l’heure du retour des systèmes autoritaires. Retrouvez les détails dans le programme sur le Net. Notons par exemple un rapprochement entre l’Afrique et le Flamenco. L’exposition On ne fait jamais relâche rendra hommage au grand homme de théâtre Alain Crombecque. Un laboratoire se tiendra à l’église des Célestins Transmission Impossible.

À noter aussi le café des idées, les lectures et projections et l’ouverture à tous du bar du festival, le Mahabharata, à partir de 19h30. Tous ces lieux permettront à tous de rencontrer les artistes et de partager les enthousiasmes ou de s’engueuler à propos des spectacles !

La réunion a commencé à 16h45, elle prend fin à 19h, après plusieurs fausses sorties de Tiago et de son complice Boris. Le public a beaucoup apprécié la dynamique de la rencontre et se dit impatient de faire les découvertes promises. « C’est un beau festival qui s’annonce », dit une voisine. En effet. Et n’oublions pas que « Notre héritage n’est précédé d’aucun testament », comme disait René Char !