« Das ist die Galerie » création autour de « Paysage sous surveillance » de Heiner Müller, mise en scène Linda Duskova, Nouveau Théâtre de Montreuil

Article de Pierre-Alexandre Culo

Le diaporama est défaillant dans la Galerie de Linda Duskova

Dans le cadre du festival « JT16 » qui promeut la jeune création contemporaine, Linda Duskova propose une version très librement inspirée de Paysage sous surveillance d’Heiner Müller, proposition dont la conception surfaite et aléatoire ne parvient pas à trouver une identité solide.

galerie_marikel_lahana_1

© Marikel Lahanna

Chercheuse et metteure en scène au sein de la formation doctorale Science Art Création Recherche au Conservatoire National d’Art Dramatique de Paris, Linda Duskova offre au festival cet objet expérimental créé en 2014. Avant de retourner s’installer dans les sièges pour une contemplation trouble et douteuse des images développées dans le texte de Heiner Müller, le spectateur est invité à déambuler sur un plateau qui prend la forme d’une exposition d’art contemporain où performances sonores et tableaux vivants s’enchaînent. Une ballade immersive qui installe l’individu dans le paysage pictural de la création, surveillé constamment par l’œil de l’objectif du photographe de plateau. La perception des corps-images crée un préambule sensoriel développant une approche personnelle du texte dans ce qu’il ne raconte pas mais dévoile par l’image. Finalité en pleine adéquation avec les problématiques de recherche de Linda Duskova: trouver le rapport narratif entre l’image, le souvenir et la mémoire. L’instant où l’image devient mot par l’acte de perception.

galerie_marikel_lahana_2

© Marikel Lahanna

Rapport étrange et stimulant qui s’effondre au moment où la salle s’installe dans les sièges et que le spectacle s’enterre dans un rapport frontal décevant et délaissé par une interprétation faible et à un niveau de désincarnation qui frôle le désintéressement. Le texte de Müller qui décrit dans une précision chirurgicale une image qui n’a sûrement jamais existé que dans les songes du dramaturge, ne parvient pas ou de façon éparse et certainement trop légère dans l’esprit du spectateur. Ayant une peine évidente à exister dans le regard des interprètes, l’image fixe qui nous est décrite s’enlise au niveau vague du concept, de l’idée, et ne parvient pas à trouver l’essence organique et vitale de l’objet pictural. La mise en scène devrait tendre à retrouver la réalité de la matière pour ne pas se conforter dans la jouissance intellectuelle d’une conception hasardeuse.

Spectacle à deux visages, Linda Duskova a créé un objet schizophrène qui aurait pu trouver un véritable attrait si son énergie immersive ne s’était pas étouffée dans les conventions classiques et insipides de la description d’image.

Das ist die Galerie
Traduction Jean Jourdheuil et Jean-François Peyret Concept et mise en scène Linda Duskova Dramaturgie Karla Hospodarska Scénographie Lara Hirzel Costumes Juline Darde-Gervais Chorégraphie Romain Bigé
Avec Benjamin Candotti-Besson, Clara Chabalier, Cécile Chatignoux, Antonin Fadinard, Mathieu Huot, Lena Paugam et Gabriel de Vienne (photographe)
Textes utilisés
Heiner Müller, Paysage sous surveillance André Schmitz, Un peu de pluie entre les dents Marguerite Yourcenar, Mystères d’Alceste

Le vendredi 19 et samedi 20 février 2016

Nouveau Théâtre de Montreuil
http://www.nouveau-theatre-montreuil.com