"DE LA PAILLE DANS LA TÊTE" ou Comment distraire sa psy ?

De La Paille Dans La Tête, de et avec Christian Mazzuchini, Marilyne Le Minoux © Thierry Aguila

Avec De La Paille Dans La Tête, Christian Mazzuchini et Marilyne Le Minou tentent une réponse loufoque, avec l’aide de Jean-Louis Fournier.

Ça se passe dans la salle d’attente de la psy : chaises dépareillées, console avec un téléphone décroché, étagère portant une sculpture chapeautée, verrière donnant sur un jardin verdoyant. Des oiseaux gazouillent. Entre un petit homme en costume assez classe, chemise fantaisie et chaussures crème très pointues. Disparate sans ostentation. Il sifflote en réponse aux oiseaux, dialogue étrange préfigurant l’étrange dialogue qui va se tenir devant nous avec sa psy absente physiquement mais omniprésente, puisque c’est à elle qu’il s’adresse, le patient.

« Je vais bien, tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux… » le mantra auto persuasif et ridicule annonce la couleur : le petit homme fragile va nous embarquer dans un délire verbal et corrosif mettant en cause la psychanalyse (qui dure depuis trente ans !) la société, le monde, soi-même, bien sûr… en un mot, notre commune humanité.

Pour ce faire, Christian Mazzuchini s’appuie très adroitement sur les écrits de Jean-Louis Fournier, l’extraordinaire auteur de Où on va, papa ? et de Il a jamais tué personne, mon papa, mais aussi de La Grammaire Française Impertinente, L’arithmétique appliquée et impertinente, Je vais t’apprendre la politesse, Satané Dieu… un formidable écrivain qui traite avec humour les pires malheurs qui lui arrivent ; qui rassure les enfants en les faisant sourire, qui sait montrer les faiblesses de l’humanité avec une ironie qui n’est jamais cruelle.

Le patient attend que sa psy arrive et prépare sa rencontre, ce laps de temps lui permet de nous dire son malaise, ses inquiétudes et surtout l’absurdité de nos vies. La mise en scène est extrêmement inventive. Au monologue riche et drôle s’ajoutent des sons divers : répondeur téléphonique, quiz, chants d’oiseaux… et pour rompre la solitude du patient, l’arrivée surprenante de la petite chienne Gina, charmante, placide, affectueuse, elle recueille les confidences et se substitue à la psy qui, décidément, n’arrive pas. (Merci qui ? merci mon chien !)

Finalement, elle viendra telle une apparition, dans sa robe rouge, évanescente et muette, la femme perdue, celle à qui l’homme égaré et sensible s’adresse indéfiniment.
On rit beaucoup, évidemment, on est attendri aussi, indigné parfois. Quand on connaît Jean-Louis Fournier, on a plaisir à retrouver les extraits de ses livres, son esprit bon enfant et pourtant aiguisé et si on ne le connaît pas, on a envie de courir chez un libraire ou dans une bibliothèque.

Au salut, Christian Mazzuchini fait part de son espoir de participer l’an prochain au festival d’Avignon. C’est tout le mal qu’on lui souhaite !

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De La Paille Dans La Tête, de et avec Christian Mazzuchini, Marilyne Le Minoux © Thierry Aguila

Informations pratiques

DE LA PAILLE DANS LA TÊTE – Création 2023

Auteur(s)
D’après l’œuvre de Jean-Louis Fournier
Adaptation pour la scène Christian et Dimitri Mazzuchini

Conception et réalisation
Christian Mazzuchini, Marilyne Le Minoux

Avec
Christian Mazzuchini, Marilyne Le Minoux

Adaptation, écriture, dramaturgie Dimitri Mazzuchini
Création lumière Éric Valentin
Création musicale Dimitri Mazzuchini, Sacha Mazzuchini
Et la chienne Gina
Images, vidéos, photos Thierry Aguila
Production Zou Maï Prod