Article d’Ondine Bérenger
La passion des artistes
En s’inspirant de la conférence Juego y teoria del duende de Federico Garcia Lorca, un guitariste et un clown racontent l’histoire de mystérieuses créatures magiques espagnoles appelées duende, qui animent parfois l’âme des artistes du spectacle vivant. Au fil de leurs errances, les deux amis cherchent cet esprit furieux, se rappellent les jours où ils l’ont rencontré à travers quelqu’un. Entre souvenirs et rêves, interrogations et certitudes, il parlent et jouent pour expliquer le duende au monde et à eux-mêmes.
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Pirai Vaca et Marcos Malavia apportent ici une vision latino-américaine de cette créature mystique. Le spectacle est ainsi extrêmement marqué du sceau de la culture hispanique, que ce soit par la musique, le traitement passionné du sujet ou encore la rythmique des phrases, traduites parfois de manière assez littérale. Ainsi, bien que ce ne soit pas absolument nécessaire, maîtriser un peu l’espagnol peut être un avantage important pour saisir toute la beauté du propos.
Un rideau rouge et une malle à accessoires sont les uniques éléments scénographiques – largement suffisants – qui participent à entraîner le spectateur à la recherche du duende, ce génie pulsionnel, plus puissant et furieux que les muses et les anges, présence incarnée, indissociable de la mort elle-même.
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On assiste ici à une superbe performance de clown-théâtre dans sa forme la plus épurée. A la fois drôle, touchant, poétique et porteur de rêves et d’imaginaire, Marcos Malavia parvient à exploiter toutes les ressources du genre pour créer un personnage attachant et captivant, très évocateur (on se sera même attaché à sa mouche à pull rouge…). La musique qui l’accompagne, jouée à la guitare par Pirai Vaca, est envoûtante et permet de rythmer le récit et d’invoquer, peut-être, ce fameux esprit…
L’histoire séduit par sa simplicité et sa sincérité sans fard, car elle fait appel tant à l’imaginaire qu’aux émotions connues du spectateur, mettant des mots sur certains sentiments indéfinissables et fascinants. De plus, le langage est riche, très imagé et métaphorique, ce qui le rend original et plein d’une poésie salvatrice.
Un cri passionné à l’art du spectacle vivant.
El Duende
d’après le texte « Jeu et théorie du duende », de Federico Garcia Lorca
avec Pirai Vaca et Marcos Malavia
adaptation du texte et mise en scène Marcos Malavia
Sélection musicale Pirai Vaca
Direction d’acteur Muriel Roland
Décor Erick Priano
Droits photographiques Alejandro Paku Cespedes
du 12 au 22 mai 2016
Théâtre de l’Epée de Bois
Cartoucherie
Route du Champ de Manœuvre
75012 Paris