Entretien avec Benoît Lavigne, directeur du Théâtre du Lucernaire

Entretien réalisé par Bruno Deslot

Depuis février 2015, le Lucernaire a changé.

En difficulté les saisons précédentes, de nombreux chantiers ont été menés en 2015 et 2016 permettant ainsi au Lucernaire de retrouver tout son éclat.

Des changements avaient déjà été initiés par l’ancienne direction, d’autres l’ont été depuis l’arrivée de Benoît Lavigne, nouveau directeur du Théâtre du Lucernaire, et cela avec le soutien sans failles des Éditions l’Harmattan, propriétaire du lieu, de son gérant Xavier Pryen et d’une formidable équipe, celle du Lucernaire, engagée et passionnée. Le Théâtre a rejoint l’Association pour le Soutien des Théâtres Privés, des travaux d’embellissement au Théâtre, au Bar, et depuis septembre au Cinéma permettent d’offrir aujourd’hui au public un accueil plus chaleureux. Il est de la volonté de Benoît Lavigne, de continuer à embellir, à moderniser encore et toujours ce lieu tout en préservant son âme et son charme unique. Un nouveau site Internet, une charte graphique revue et corrigée et un vrai travail de communication ont été entrepris rendant désormais le Lucernaire plus visible dans le paysage culturel parisien et permettant à ce lieu en création permanente de perdurer en proposant au public une offre pluridisciplinaire toujours renouvelée.

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© Eddy Briere

Bruno Deslot : Benoît Lavigne, vous êtes directeur du Théâtre du Lucernaire depuis quelle année ?

Benoît Lavigne : Depuis février 2015. J’ai repris la direction du théâtre en collaboration avec Karine Letellier en pour la programmation. Nous avions déjà beaucoup travaillé ensemble dans le cadre de projets dans des structures du type compagnies. En reprenant le Lucernaire en direction, notre objectif était de pérenniser ce lieu qui était un peu en difficulté lorsque nous l’avons repris et qui au fur et à mesure du temps retrouve son public. Sa fréquentation augmente et le théâtre retrouve une certaine énergie depuis un an et demi à peu près.

B.D : Qu’est-ce qui a motivé votre désir de reprendre ce lieu ?

B.L : C’était une proposition des éditions l’Harmattan qui sont propriétaires du lieu et d’une envie de ma part. De plus, j’ai fait mes premiers spectacles en tant que metteur en scène au Lucernaire, c’est un lieu auquel je suis très attaché car il est rare, de par la multiplicité des spectacles qui s’y jouent, il y a un bar, un restaurant, une librairie, un cinéma, une salle d’exposition. Le Lucernaire est lieu exceptionnel qui donne sa chance aux jeunes compagnies, ce qui est de plus en plus rare dans Paris car ici les compagnies ont un espace pour créer, travailler puis pour se faire connaître. Je connais aussi bien toute l’équipe du théâtre, j’y ai rencontré Laurent Terzieff et en tant que metteur en scène, j’avais envie de m’investir dans un lieu pour le faire perdurer afin qu’il reste un carrefour de talents.

B.D : Quelles étaient les difficultés que rencontraient le Lucernaire avant votre arrivée en 2015 ?

B.L : Il y avait des difficultés économiques et une programmation qui c’était un peu refermée sur elle-même. Donc, notre objectif, en arrivant dans ce lieu a été de garder autant de théâtre public que privé. Il y avait une ambiguïté du Lucernaire par rapport à sa position dans le paysage théâtral, donc on a fait le choix d’entrer à l’Association pour le Soutien des Théâtres Privés. On a aussi repris une indépendance de programmation sur le cinéma. On a refait des travaux, un site Internet. Il y aussi des choses qui avaient été mises en place par l’ancienne équipe et nous les avons prolongés. Nos choix de programmation théâtraux s’ouvrent toujours vers davantage d’éclectisme. Nous avons aussi fait un gros travail de communication afin d’harmoniser l’ensemble de nos initiatives.

B.D : Vous établissez la programmation en collaboration avec Karine Letellier ?

B.L : En effet, nous cherchons, rencontrons-nous faisons solliciter. Par exemple, nous cherchions un classique et nous avons trouvé une très belle proposition qui sera représentée en janvier au Lucernaire : Les Fourberies de Scapin. Nous aimions beaucoup le travail de cette compagnie, nous leur avons donc proposé de venir au Lucernaire.

B.D : Lorsque vous proposez à une compagnie de venir au Lucernaire, comment cela se passe-t-il ?

B.L : Actuellement, nous sommes encore en période probatoire par rapport à l’Association pour le Soutien des Théâtres Privés, donc nous serons en mesure de produire en septembre 2017. Pour le moment nous sommes en coréalisation avec les compagnies avec un plus pour les artistes pour lesquels le lieu met tout à disposition pour les accueillir.

B.D : Le Lucernaire a un comité de lecture ?

B.L : Non. Nous sommes trois à travailler sur la programmation. Dès lors que les projets arrivent, nous les regardons, étudions et décidons quels sont les possibles. Il y a le Prix Lucernaire / Laurent Terzieff – Pascale de Boysson qui me tenait à cœur. Il consiste à promouvoir la création

contemporaine et le travail de compagnies. Plus d’une centaine de projets nous ont été proposés pendant l’été. Le lauréat, invité à se produire au Lucernaire, sera connu au premier trimestre 2017 après auditions et le choix d’un jury composé d’anciens compagnons de route de ces deux grands artistes à qui je voulais rendre hommage en créant ce prix.

B.D : Quels sont les critères de sélection pour remporter ce prix ?

B.L : Oui, les critères portent sur un texte contemporain jamais représenté en France, qui soit un vrai projet de compagnie et ne soit pas un monologue.

B.D : Vous êtes sur deux théâtres à la fois. Le Lucernaire et le Théâtre de l’œuvre. Comment se déroule cette gestion ?

B.L : La gestion du Lucernaire revient à L’Harmattan puisqu’ils sont propriétaires des lieux. Ici, je m’occupe de la direction artistique. En revanche, à l’œuvre, comme le théâtre est en pleine restructuration et que j’en suis le gérant, cela prend bien entendu beaucoup plus de temps.

Mais d’un côté, comme de l’autre, j’ai la chance d’être entouré d’équipes formidables.

B.D : Si vous aviez à vous adresser à l’ensemble des publics voire des futurs publics du Lucernaire, que leur diriez-vous ?

B.L : On peut passer une journée entière au Lucernaire. On peut aller voir un spectacle jeune public avec ses enfants l’après-midi, aller voir un Molière à 18h30, puis finir la soirée avec un spectacle musical et pourquoi pas d’humour, ou aller au cinéma, dîner au restaurant. C’est un lieu rare et unique qu’il faut vraiment découvrir où il se passe une multitude de choses. On essaye de garder une véritable qualité artistique, une exigence aussi, afin que chacun trouve du plaisir à fréquenter ce lieu.

Théâtre du Lucernaire

53 Rue Notre Dame des Champs

75006 Paris

http://www.lucernaire.fr/