Fanfare du Cirque Électrique © Francis Beddok
Pour ses 25 ans, le Cirque Électrique propose un spectacle revisitant les codes du cirque traditionnel, qui se veut une fête sans dramaturgie et sans prétention, d’un kitsch et d’une naïveté assumés. S’il n’est pas idiot de ramener ces valeurs au cirque, conçu d’abord comme un spectacle familial, l’exécution de cette idée peine à satisfaire, malgré des qualités évidentes. Ainsi, tout en saluant les numéros individuels extraordinaires de la troupe (le jongleur Étienne Chauzy, la contorsionniste Nina Van Der Pyl, ainsi que les acrobates Deborah Matione, Nhât-Nam Lê, François Marietta et Laura Terrancle), qu’a réuni Hervé Vallée, directeur artistique du Cirque Électrique, on regrettera de plus y ressentir l’individualité que l’esprit de troupe – même le salut se fait un par un. De même, tout en appréciant la volonté d’un spectacle fragmentaire, qui contraste avec la tendance contemporaine à mettre le cirque au service d’un projet dramaturgique, on ne peut s’empêcher de remarquer que le spectacle ne parvient pas à se débarrasser complètement de fils et use donc de petites intrigues dont on voit difficilement l’intérêt, surtout quand elles procèdent à un orientalisme gratuit qu’il est étonnant de voir encore aujourd’hui dans des spectacles conventionnés, à savoir quand Nina Van der Pyl se contorsionne déguisée en danseuse orientale, et accompagnée par une musique qui va chercher dans le cliché.
Via l’utilisation de costumes de fanfare inspirés d’une œuvre de Kiki Picasso, Fanfare produit des variations sur la figure traditionnelle de Mr Loyal en l’alliant au clown ; ce sont ces deux variations qui guident la non-trame du spectacle. Le premier, interprété par Hervé Vallée (accompagné d’un autre musicien, Jean-Baptiste Very), est installé sur l’estrade frontale de la fanfare proprement dite, dont la hauteur répond à celle de la régie cachée dans l’ombre, et joue d’instruments bigarrés de manière excentrique. Sur scène, une autre variation sur ce modèle, joué par Camille Chauvé, allie claquettes, pitreries et confettis pour amener la touche de folie du clown. Là encore, il est dommage que le comique de ce clown fonctionne principalement sur son incapacité à reproduire les performances de ses collègues, et le cantonne à la parodie.
Bien que Fanfare ne soit pas une totale réussite, elle a au moins le mérite de faire sautiller les nombreux enfants qui constituent son public, et de poser la question de la possibilité d’un cirque traditionnel aujourd’hui. Finalement, la pièce réussit son pari : reprendre les « fondamentaux » du cirque, si on entend par là les codes esthétiques qui en constituent la mythologie. Pourtant, si cette surface est techniquement bonne, elle manque cruellement de profondeur, et aurait mérité plus d’ambition. Reste que là où une bonne partie de la production circassienne aujourd’hui s’intéresse à des thèmes plus abstraits et à des codes plus expérimentaux, il est bon de voir que certains spectacles sont toujours adressés à leur public d’origine : les enfants.
Fanfare du Cirque Électrique à gauche © Ann son Bas / en haut © Hervé Photograff / en bas © Francis Beddok
Informations pratiques
FANFARE – Création Octobre 2020
LA NUIT DU CIRQUE du 12 au 14 novembre 2021
Mise en scène
Hervé Vallée
Avec
Étienne Chauzy, Nina Van Der Pyl, Deborah Matione, Nhât-Nam Lê, François Marietta et Laura Terrancle
Musique Hervé Vallée & Jean-Baptiste Very
Dates
Du 13 novembre au 30 décembre au Cirque Électrique, Paris
Samedis et dimanches à 15h du 13 novembre au 12 décembre
Tous les jours à 15h du 18 au 23 décembre puis du 26 au 30 décembre
Durée
1h
Adresse
Cirque Électrique
Place du Maquis du Vercors
75020 Paris
Informations pratiques
La Nuit du cirque 2021
lanuitducirque.com
Cirque Électrique
cirque-electrique.com