On n’est pas des cailloux de Marie-Lou Nessi Prix du public 2023 du Festival Court mais pas vite
au Nouveau Théâtre de l’Atalante © Cédric Bolusset pour le Festival Court mais pas vite
Quel plaisir de s’engouffrer dans cette petite salle intimiste du Nouveau Théâtre de l’Atalante pour assister à la 7ème édition du festival Court mais pas vite ! La très belle acoustique de ce lieu nous cueille. Après la fermeture brutale du Théâtre des Déchargeurs cet été, c’est une joie que de voir la solidarité de toutes les structures d’accompagnement des compagnies émergentes se mettre en mouvement pour assurer la suite. Après une centaine de dossiers déposés, les six compagnies sélectionnées présentent une version de trente minutes de leur spectacle en cours de création. L’occasion rêvée pour le public de goûter à des écritures et univers multiples et pour les jeunes compagnies de voir leurs projets s’épanouir et se faire connaître.
Au programme, six projets, quatre sessions d’une heure et demie et plus de vingt-trois artistes au plateau sur les deux jours du festival les 11 et 12 octobre 2023. Le deuxième soir de représentations, deux prix sont décernés : le prix Public et le prix Jury. Le projet lauréat est ensuite accompagné sur une année, afin de se professionnaliser dans tous les domaines de compétences.
Nous avons assisté à la Séance 2 du festival avec Algérie, 1997 (dans la cuisine) d’Auriane Buchet, Quelque chose du paysage de François Charron et On n’est pas des cailloux de Marie-Lou Nessi.
Algérie, 1997 (dans la cuisine) de Auriane Buchet
La forme commence par une cage. Ou serait-ce un lit à barreaux ? De ce lit-cage, une adolescente raconte son envie de continuer à vivre dehors malgré les couvre-feux. Chaque minute, chaque seconde de liberté est précieuse. Piégée entre l’enfant et l’adulte, elle nous ouvre sa famille, prisonnière elle aussi de l’atrocité de la guerre mais refusant de s’arrêter de vivre malgré les interdits et la pauvreté. S’inscrivant au cœur du conflit démocratique algérien des années 1990s, l’histoire retrace le quotidien d’une famille qui puise au fond de sa puissance de vie pour traverser le temps et survivre. Dans une scénographie de draps, sans héroïsme ni grandiloquence, nous vivons avec ces habitant.es des instants simples de jeux, de danses, de chant, de lectures, de cuisine et de repas. La musique est présente dans les cœurs de la famille et au plateau. Elle accompagne le récit à la manière d’un conte qui superpose l’anecdotique et l’innommable.
Quelque chose du paysage de François Charron
La voix, le son et le sensible nous entraînent dans ce récit suspendu et fragmenté. Fortement inspiré du podcast Ouessant, le vent et son sang d’Octave Broutard et Céline Ters, nous sommes embarqué·es à travers vent, vagues et katana dans une enquête délirante autour du personnage mystérieux de Pascal Gosselin. Cet ancien artisan maçon de 51 ans à la réputation étrange avait provoqué une série d’incendies dans différents secteurs de l’île bretonne avant de se donner la mort en se poignardant avec un sabre japonais. Un plateau nu et la force de la parole orale laissent place entière à l’imaginaire des spectateur·ices. Humour, force et poésie se succèdent dans une forme théâtrale sobre écrite comme un rêve ; celui de l’auteur piégé par sa propre audace. On se laisse surprendre et suspendre par ce seul en scène errant bercé tout de même par quelques films souvenirs de moutons et de côtes bretonnes. Les rires et les rêves prennent effectivement place dans les gradins.
On n’est pas des cailloux, de Marie-Lou Nessi
« Nous ne sommes pas des cailloux ! », revendiquent Madame Pourquoi et Duck. Et pourtant, comment ne pas se transformer en roche avec tout ce que le monde nous réserve de drames ? Se protéger derrière la rigidité du cœur arrive si vite. Comment continuer à vivre et à aimer après la perte d’un être cher ? Le spectacle répond par une grande marche vers un retour aux mondes du rêve et de l’enfance. Au sommet d’une montagne de carton-pâte rappelant l’univers de La Science des Rêves de Gondry ou celui du Château ambulant de Miyazaki, nous suivons le voyage initiatique de deux ami·es d’enfance. Guidé·es par une étoile filante qui leur lance régulièrement des paillettes, iels osent retracer ensemble les souvenirs douloureux de nostalgie de leur rencontre avec Clémentine. Une écriture fine portée par des comédien·nes talentueux·ses qui maîtrisent le jeu clownesque comme le réalisme dans sa pudeur et sa retenue. Nous ne demandons qu’à nous envoler avec leur avion imaginaire.
On n’est pas des cailloux a gagné le prix du public du festival Court mais pas vite.
1. et 2. Algérie, 1997 (dans la cuisine) d’Auriane Buchet / 3. et 4. Quelque chose du paysage de François Charron /
5. et 6. On n’est pas des cailloux de Marie-Lou Nessi Prix du public 2023
dans le cadre du Festival Court mais pas vite au Nouveau Théâtre de l’Atalante
© Cédric Bolusset pour le Festival Court mais pas vite
Festival Court mais pas vite au Nouveau Théâtre de l’Atalante, Affiche © DR
Informations pratiques
FESTIVAL COURT MAIS PAS VITE 7ème édition les 11 et 12 octobre 2023
ALGÉRIE 1997 (dans la cuisine)
Écriture Auriane Buchet
QUELQUE CHOSE DU PAYSAGE
Écriture, Conception et interprétation François Charron
Avec Lou Morrel
Conception lumière Jean-Michel Wartner
Conception sonore Jean-Michel Wartner
ON N’EST PAS DES CAILLOUX
Écriture et Mise en scène Marie-Lou Nessi
Angèle Garnier : Madame Pourquoi
Victor Letzkus : Duck
Anysia Mabe : Clémentine
Emma Laurent : L’étoile en Pyjama
Dates
Les 11 et 12 octobre 2023
Durée
1h
Adresse
Nouveau Théâtre l’Atalante
10, Place Charles Dullin
75018 Paris
Informations complémentaires
Nouveau Théâtre de l’Atalante
www.theatre-latalante.com
Festival Court mais pas vite !
www.lesdechargeurs.fr/court-mais-pas-vite/
