[Festival de la Mousson d’été 2016] « Anatomie de la gastrite » de Itzel Lara [Mexique], texte français de David Ferré, lecture dirigée par Marcial Di Fonzo Bo

La vie des bêtes

Une vache est un animal que l’on respecte, dont on prend soin, que l’on ne déifie pas, mais dont il faut préserver la race. Un chat est un animal de compagnie, aimant et affectueux, sauf lorsqu’il est à l’agonie et que le végétarien rappelle à sa femme qu’il faut qu’elle s’en occupe sauf que la pauvre déteste ce greffier qui lui rappelle son père à l’agonie ! La vie est dure et pas que pour les animaux !

Injures, reproches, menaces…un couple se déchire à cause de leur chat dont la santé est très inquiétante. Consultation chez le vétérinaire, décaféiné et non café, un peu de lait ? Peu importe, le matou va rendre l’âme et la femme s’en réjouit pendant que le végétarien épluche des oignons en enchaînant les remontrances. La proposition est totalement surréaliste et fait parfois penser à la pièce de P.Picasso « Le désir attrapé par la queue ». Rien ne fait sens, tout part à vau-l’eau, le style est loufoque, déstabilise le spectateur en abordant des sujets de façon anarchique. Mais la dramaturgie de la pièce nous fait voyager, elle est protéiforme et investit, sans concessions, une somme considérable d’univers qui donnent à la pièce une unité insaisissable.

Le génie singulier de Marcial Di Fonzo Bo rend aux mots toutes leurs saveurs, nous évitant de pleurer à chaudes larmes en épluchant l’oignon que le végétarien tente « d’effeuiller ». Marcial Di Fonzo Bo propose une mise en place remarquable de simplicité et d’efficacité pour cette lecture afin de donner à la fable un peu de consistance. Un panneau en bois, aussi large que haut, sur lequel une vache est dessinée à la craie, se dresse au fond du plateau. Les comédiens jouent devant cette palissade qui tout au long de la lecture s’enrichit du titre des parties de la pièce qu’une comédienne écrit à la craie. Ainsi, Marcial Di Fonzo Bo rend le texte plus digeste évitant ainsi les reflux gastriques. Le monde animal est cruel, celui des Lettres encore plus, alors autant suspendre le manque de propos à une corde comme tente de faire la femme avec son père. Le discours faisant l’éloge de l’oignon file la métaphore d’une vitalité anale in fine. L’oignon purifie : épluchons des oignons et pleurons, mais de rire !

Anatomie de la gastrite

D’Itzel Lara (Mexique), texte français de David Ferré, lecture dirigée par Marcial Di Fonzo Bo

Avec Cécile Bournay, Marcial Di Fonzo Bo, Philippe Fretun et Camille Garcia

Du 23 au 29 août 2016

Festival de la Mousson d’été 2016

Abbaye des Prémontrés

Pont-à-Mousson

Lorraine

www.meec.org