[Festival de la Mousson d’été 2016] « De plus belles terres » d’Aiat Fayez [France], lecture dirigée par Laurent Vacher

Article de Bruno Deslot

Derrière les collines

Dans un petit village de France, où tranquillité rime avec contemplation, Fatima et son mari se sont installés avec leur fils Enzo. Une maison de fortune que l’époux a reconstruite magistralement à la force du poignet, abritant une famille quelconque, en apparence.

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© Emile Zeizig

Le couple est mixte, lui est Français, elle originaire d’Afrique et définitivement athée. Lui contemple les collines face à leur maison bordée d’un verger donnant plus de fruits qu’il n’en faut, elle, en retrait, semble préoccupée par bien autre chose. L’arrivée, purement anecdotique d’un ami de longue date de l’époux n’apporte rien de bien intéressant à l’intrigue. Il vit à Berlin, est en vacances pour quelques jours chez le couple, tente maladroitement de séduire Fatima…mais après ? Aucune mise en perspective n’est proposée au moment où sans doute, ce personnage pourrait s’immiscer dans la vie du couple afin d’incarner l’élément perturbateur de la fable. Jouer l’interface entre deux modes de vie, celui de la ville et de la campagne. Mettre en exergue le rapport qu’entretient le couple mais de manière opposée. Lui est attaché à son lopin et ses collines, elle à ses origines lointaines qu’elle n’assume pas. Mais l’ensemble de la proposition est rapidement bavard et l’auteur introduit un nouveau personnage qu’aux trois quarts de la pièce pour lui donner enfin un peu d’élan, mais ce n’est qu’une tentative avortée.

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© Emile Zeizig

Le père du copain d’école d’Enzo tient une petite épicerie au village, est musulman et l’assume. Sa femme parle comme au bled et porte la culotte. Cela aurait pu être l’occasion pour l’auteur d’utiliser ces personnages pour pousser le sentiment d’aliénation de Fatima, croyant s’être délivrée de ses origines, à son paroxysme, mais la présence de la famille voisine ne fait que l’atténuer en négociant la répartition des terres du jeune couple pour en faire commerce. L’obsession de Fatima passe à la trappe et elle quitte la scène en guise de conclusion.

L’auteur gagnerait davantage en légitimité dramaturgique en suivant une ligne directrice autour de laquelle s’agrègent tous les éléments d’un vrai discours dramatique.

 

 

De plus belles terres

D’Aiat Fayez (France), lecture dirigée par Laurent Vacher

Avec Quentin Baillot, Pablo Flye Sainte Marie, Philippe Fretun, Pablo Gillet, Céline Milliat-Baumgartner, Johanna Nizard et Frédéric Sonntag

 

Du 23 au 29 août 2016

 

Festival de la Mousson d’été 2016

Abbaye des Prémontrés

Pont-à-Mousson

Lorraine

www.meec.org