Qui a besoin du ciel, mise en scène et scénographie Tommy Milliot © Pierre Gondard
Le Festival Les Singulier.ère.s, organisé chaque année depuis 2016, est l’occasion inédite de découvrir au Centquatre-Paris des propositions artistiques multidisciplinaires de personnalités associées au lieu. Pour la 8ème édition, l’autrice américaine Naomi Wallace présente à Tommy Milliot, metteur en scène et artiste résident au Centquatre-Paris, le deuxième volet troublant d’une trilogie liée à l’Amérique moderne, ici le Kentucky des années 80.
Noir. Très peu de décor, une scène presque entièrement nue. Un filet de lumière éclaire une femme assise sur une chaise : elle se tient face public, la tête lâche, les mains attachées dans le dos. Wilda, de son nom, parfaitement incarnée par Catherine Vinatier, vocifère des insultes, semblable à une personne dérangée ou plutôt droguée, lui procurant une diction et une attitude toutes deux très particulières, très brutes, parfois crues. Une autre femme, Annette, sublimée par la comédienne Marie-Sohna Condé, entre et s’assoit à son tour afin d’éplucher quelques légumes qu’elle transporte avec elle. Leurs voix amplifiées grâce à leurs microphones occupent cet espace dépossédé de tout si ce n’est de ces corps qui s’agitent et sur lesquels toute l’attention est portée.
Dans leur petite ville ouvrière que l’on devine par le texte, les deux amies de longue date partagent un lourd secret dont l’air est chargé. Longuement, le public demeure plongé dans le noir comme dans l’ignorance. Plus l’on progresse dans l’histoire, plus l’on comprend ce qui se cache derrière la complexité des rapports qu’entretiennent entre eux chaque membre des deux familles réunies – ils sont 9 personnages au total, toutes générations confondues avec d’un côté la famille de Wilda, de l’autre celle d’Annette -, levant le voile sur les drames qui les touchent respectivement. Soudain, les événements du passé et du présent s’imbriquent et prennent un sens teinté d’une colère sourde, puis d’une sorte de révolte, d’une volonté profonde de résistance. Les cœurs désirent se dresser contre une terrible injustice sociale, en partie responsable des maux qui les tourmentent ; celui de Wilda en particulier, qui ne bat que pour obtenir réparation. Malgré sa grande fragilité, liée à sa vulnérabilité physique, Wilda détient une grande force d’esprit et poursuivra sa quête jusqu’au bout.
Qui a besoin du ciel, ou le théâtre de paroles enflammées qui n’ont pas renoncé à tout espoir d’une vie meilleure.
Tommy Milliot présente également L’arbre à sang en amont de cette pièce les 2, 3, 9 et 10 février 2024.
Qui a besoin du ciel, mise en scène et scénographie Tommy Milliot © Pierre Gondard
Informations pratiques
QUI A BESOIN DU CIEL Création 2024
Festival Les Singulier.e.s 8ème édition du 18 janvier au 10 février 2024
Texte
Naomi Wallace
traduit de l’anglais par Dominique Hollier
Mise en scène et scénographie
Tommy Milliot
Interprétation
Catherine Vinatier, Marie-Sohna Condé, Joris Rodriguez, Athéna Amara, Pau Cólera,
Sarah Le Deunff, Matteo Renouf, Matthias Hejnar, Miglen Mirtchev
Assistant mise en scène Matthieu Heydon
Lumières Nicolas Marie
Son Vanessa Court
Costumes Louise Digard
Régie générale et plateau Mickaël Marchadier
Régie son Kevin Villena Garcia
Régie lumières Jeanne Laffargue
Dates
Du 25 janvier au 10 février 2024 au 104, Paris
Durée
1h45
Adresse
CENTQUATRE-PARIS
5 rue Curial
75019 Paris
Informations pratiques
CENTQUATRE-PARIS
www.104.fr
Festival Les Singulier.e.s 2024 8ème édition
www.104.fr/fiche-evenement/festival-les-singulieres-2024.html
Tommy Milliot – Compagnie MAN HAAST
www.manhaast.com