« FESTIVAL SCÈNES NOUVELLES » « Lucie Shame », « Médium » de la Cie Farouche et « 4.48 Psychose » de la Cie P’Articules 

4.48 Psychose de la Cie P’Articules, mise en scène Marie Curez © Tess Lefilleul

Scènes Nouvelles est un programme d’accompagnement professionnel de la création artistique de la Sorbonne Nouvelle tourné vers le théâtre, la danse et la musique. Parcours de formation, aide à la création, tissage d’un réseau de créateurs émergents, expérience de parrainage, espace de visibilité, c’est un tremplin vers la professionnalisation. À la fin du cycle, les créations sont présentées au Théâtre Monfort les 12 et 13 mai 2022, il s’agit de la première édition de ce festival. À cette occasion, les jeunes artistes rencontrent le public et les professionnels du secteur.

Nous découvrons tout d’abord à la Cabane, Lucie Shame un petit bout de femme qui nous entraîne avec sa guitare dans ses chansons intimes particulièrement touchantes, la plupart en anglais. Le rock, rock indie plus précisément est son ADN, elle enchaîne ensuite sur des ballades plus mélodieuses. Le ton est donné au départ avec Suicide. Tout en émotion et poésie, la jeune quadra nous livre sa vision du monde à travers ses textes parfois cinglants et se dévoile intimement, assumant son homosexualité avec Coming out, parlant de sa maternité avec Love of my love. Puis Lucie poursuit en français, Printemps et été nous fait découvrir la face érotique des poèmes de Paul Verlaine. La reprise de L’orage de Georges Brassens montre son affection pour les mots. Une interprétation sensible et un concert tout en émotions.

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Lucie Shame en concert au Théâtre Monfort © Tess Lefilleul

Médium nous plonge dès le départ dans un univers étonnant. D’abord guidé par deux voix venant du fond de scène, derrière des panneaux et dans la pénombre, le public va s’immerger dans une expérience inattendue, les sens en éveil. Puis surgissent des formes abstraites, des silhouettes floues et des sonorités insolites. Cette entrée en matière est une porte ouverte à l’imaginaire. Tandis qu’apparaissent enfin deux étranges médiums tout de blanc vêtus recouverts d’une cape et dont l’attraction est mue par de surprenantes forces comme les cordages qui les retiennent. Noa Soussan et Giovanni Arnoux proposent de vivre une aventure inédite, celle de se réapproprier l’avenir à travers une cérémonie d’imagination collective dont ils vont nous dévoiler les secrets. Les deux comédien.nes captent l’attention des spectateurs par leurs multiples interactions et en convoquant l’étrange, la rêverie, les jeux de lumière, et s’adonnant à de surprenants rituels et bien d’autres artifices pour entretenir le mystère. Complices sur scène, chacun avec sa singularité, le duo d’auteur.trices-metteur.ses en scène réécrit l’histoire et fait éclore un monde où tout devient possible et où chacun a son rôle à jouer, public inclus. Avec une certaine fluidité et dynamisme, des idées ingénieuses et une bonne dose d’humour la compagnie Farouche nous livre un avant-goût de sa nouvelle création marrainée par Ludmilla Dabo et le Théâtre de la Tempête. Fondée en 2018, la compagnie Farouche propose après leur premier spectacle Silence Radio de nouvelles expériences fictionnelles, une belle démonstration d’art immersif. Un moment divertissant où le merveilleux est à portée de tous, à condition de laisser libre cours à son imagination et de prendre part à cette traversée qui pose un regard neuf sur notre avenir.

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Médium de la Cie Farouche, mise en scène Noa Soussan et Giovanni Arnoux © Tess Lefilleul

Sur la scène épurée du Théâtre Monfort, Olivia Thévenet s’avance en chemise bleue et legging noir. La jeune comédienne projette avec force et énergie le texte poignant 4.48 Psychose de Sarah Kane. L’autrice britannique à l’hôpital psychiatrique au moment de l’écriture de cette œuvre, témoigne sans filtre de son désespoir, de sa révolte, de sa dépendance amoureuse et des multiples émotions et des envies suicidaires qui la traversent. Touchée par une lourde dépression, cette ultime pièce où la dramaturge ne semble faire plus qu’un avec son personnage est comme un testament qu’elle laisse avant de se suicider à l’âge de 28 ans. Dans un monologue introspectif et poétique entrecoupé de quelques dialogues avec des psychiatres, son esprit vagabonde dans un maelström de mots entre un univers intérieur chaotique et la réalité d’une institution médicale déshumanisée.

La metteuse en scène Marie Curez mêle le théâtre, la danse et le cinéma dans cette proposition et fait ressortir la puissance des mots. Si l’on est d’abord frappé par le texte percutant, la danse vient donner du relief au propos avec la présence des deux danseuses Justine Richard et Éléa Guilloteau vêtues comme Olivia Thévenet, soulignant la présence forte du personnage. Par la richesse et la variété de leurs chorégraphies (en miroir, marionnettique, synchronisée ou en décalage, tels des zombies ou couchées au sol), seules, en duo ou trio, elles insufflent une certaine dynamique, entrent en interaction avec le texte ou prennent de la distance pour apporter de la légèreté face au chaos, à la paranoïa et à la quantité considérable de médicaments ingurgités. Les jeux de lumière et la musique parfois stridente apportent aux tableaux et traduisent l’ambiance qui règne. À l’écran par moments apparaît l’hôpital avec son personnel soignant qui rappelle le cadre pesant où la patiente se trouve et d’un autre côté met de la distance avec elle, tant son esprit vagabonde et ses sentiments sont intenses. L’interprétation de la comédienne-danseuse Olivia Thévenet est remarquable. La compagnie P’Articules offre une véritable performance riche en émotions pour les spectateurs !

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4.48 Psychose de la Cie P’Articules, mise en scène Marie Curez © Tess Lefilleul

Informations pratiques

FESTIVAL SCÈNES NOUVELLES 2ème édition

LUCIE SHAME (musique)
Durée 25 mn

Le 13 mai 2022 à 19h à la Cabane

MÉDIUM – Cie Farouche En création (théâtre)
Écriture, jeu et mise en scène Noa Soussan et Giovanni Arnoux
Création musicale Anna Cordonnier
Création sonore Émilien Serrault
Scénographie Rémy Ebras
Costumes Noé Quilichini
Création lumière Mathilde Domarle
Regards extérieurs Zelda Soussan, Philippe Baronnet
Marrainé par Ludmilla Dabo et le Théâtre de la Tempête, dans le cadre du dispositif Scènes Nouvelles
Durée 35 mn

Le 13 mai 2022 à 19h45 à la Cabane

4.48 PSYCHOSE – Cie P’Articules En création (théâtre/danse)
Texte Sarah Kane
Mise en scène Marie Curez
Avec Olivia Thévenet, Justine Richard et Eléa Guilloteau
Avec la participation de Daniel Martin et Héloïse Manessier
Création musicale Mathis Gérard
Durée 1h15

Le 13 mai 2022 à 20h45 à la grande salle

Dates
12 et 13 mai 2022 au Théâtre Monfort, Paris

Adresse
Le Monfort Théâtre
106, rue Brancion
75015 Paris

Informations complémentaires

Le Monfort Théâtre
www.lemonfort.fr

Festival Scènes Nouvelles
www.univ-paris3.fr/scenes-nouvelles

Lucie Shame
www.facebook.com/LucieShame

Compagnie Farouche
www.compagnie-farouche.com

Compagnie P’Articules
www.facebook.com/PArticules