Le « Festival au Village » du 7 au 15 juillet : ce sont dix jours festifs autour du spectacle vivant à Brioux-sur-Boutonne, un petit village du sud des Deux-Sèvres. Christophe Frèrebeau, médecin passionné de théâtre, a fondé et dirige depuis 29 ans ce festival référencé « Théâtre ». À ses côtés, Jean-Pierre Bodin à la direction artistique depuis 2003, comédien, auteur et metteur en scène et toute une équipe élaborent un programme de qualité et font de cet événement culturel et régional un véritable succès, grâce au concours des permanents, des villageois et des 150 bénévoles venus de toute la France.
Des artistes renommés du théâtre (Jean-Louis Hourdin, Yannick Jaulin, Jacques Bonnaffé…), de la chanson (les Têtes Raides, les Ogres de Barback, les Ukrainiennes Dakh Daughters…) et du cirque contemporain (Johann Le Guillerm, Cie Galapiat) se sont produits à Brioux. Pour cette 29ème édition la circassienne Jeanne Mordoj, invitée d’honneur, réalisera une performance étonnante « La Fresque » et « La Poème ». Le Théâtre de l’Unité jouera une pièce de Tchekhov en plein air et animera « Le Parlement de rue ». Le 15 juillet en soirée, un final grandiose : « Le Bar à Jamait », entouré de nombreux invités, Yves Jamait célèbre la chanson française. Plus d’une soixantaine de représentations sont proposées par trente-huit compagnies. Des rendez-vous aux multiples formes : les chantiers-théâtre pour découvrir les créations en cours, les concerts, les pique-niques, les stages, des lectures à la librairie du festival.
Si le Théâtre est à l’origine de cette aventure humaine et collective initiée par des passionnés en 1988, il occupe toujours une place de choix dans la programmation. Depuis plusieurs années, des résidences de création se font en amont du Festival. La scénographie s’organise sur la place du Champ de Foire où se dresse une grande scène et dans les cours et jardins alentours. C’est dans une ferme à Vezançais que l’on retrouve le Théâtre de l’Unité, compagnie emblématique du théâtre de rue fondée en 1968. Dans un décor bucolique, ce soir se joue la 88ème d’« Oncle Vania à la Campagne ». Comme à son habitude, la compagnie va à la rencontre de son public avec pour l’occasion une tradition russe d’hospitalité. Mais voilà que l’orage gronde… Les comédiens nous tiennent informés, bien déterminés à jouer. Les problèmes techniques résolus, le public est installé sur les bottes de paille. Dix-sept comédiens, des animaux dont un chien, une soupe et un cadre particulier éclairé par la lune, pour cette pièce de Tchekhov revisitée avec ingéniosité et audace. Une représentation unique où l’on apprécie le travail collectif et l’énergie. Sous la Pergola, un spectacle interactif : « Le Parlement de rue », invite la population à faire des propositions de lois qui seront ensuite votées. Comme une séance à l’Assemblée nationale, des discussions autour des lois enrichies par la musique de Victor Hugo et Pablo Neruda et les chansons décapantes de Didier Super. Théâtre encore avec « La vieille qui lançait des couteaux » de la Cie Amaranta et deux spectacles joués au Festival Off Avignon en 2016 : « Bovary, les films sont plus harmonieux que la vie » de la Cie Barbès 35 et « Le square » de Marguerite Duras de la Cie Îlot-Théâtre.
A la Cour du Temps Libre en matinée, des compagnies sont conviées à présenter leur création en cours. Une façon de se confronter au regard du public et de montrer la richesse de la production artistique régionale. La compagnie charentaise Le Passage s’attaque à un mythe universel : Antigone et la transgression de l’ordre du roi Créon pour donner sépulture au frère mort. L’écrivain et dramaturge Hélène Vrignaud-Masurel explique ces choix d’écriture, ses inspirations pour « On pourrait recommencer à aimer vraiment la vie ». Elle situe l’extrait choisi La confrontation (scène 7 sur 12) et l’accompagne au violoncelle, qui est comme le chœur retrouvé de la tragédie. Trois comédiens incarnent Antigone Oedipe et Créon dans une première partie dansée puis place à la force du texte. Cette proposition originale transpose un meurtre familial dans une famille ordinaire à une époque indéfinie. Questionnements du public sur le caractère des personnages et la volonté de se rapprocher de l’humain. Cette création fera l’objet d’une écriture au plateau en octobre 2017 qui fera jaillir certainement d’autres échos du texte. L’aboutissement de ce nouveau projet est prévu fin 2018.
Avec « Faut S’Tenir », Chloé Martin laisse place aux souvenirs familiaux et à son expérience personnelle dans cet extrait accompagné en musique et bruitages par Klovis, son « double » complice. « Faut s’tenir à carreaux, faut s’tenir sur ses gardes, faut finir son assiette… » Narration, danse, incarnation de multiples personnages et références aux années 80, la comédienne évoque avec humour et émotions une quantité de sujets légers ou graves. Elle remonte jusqu’aux origines de la culpabilité/honte, la relation complexe entre la victime et son bourreau. La mise en scène contient de nombreux ressorts : situations déroulées à toute allure dans un espace sans cesse redessiné, ruptures inattendues (musicales ou intrusion partenaire) et adresse au public. La manipulation psychologique, les rapports familiaux et la création elle-même font débats dans la foule. Une ébauche intéressante et bien maîtrisée qui donne un avant-goût de ce nouveau spectacle de La D’Âme de Compagnie, à voir en avril 2018. Ces moments d’échanges privilégiés et conviviaux sont enrichissants aussi bien pour les artistes que pour les spectateurs.
A la librairie du Festival, vous pourrez faire une pause lecture, découvrir les textes en lien avec la programmation ou tout simplement rencontrer les artistes et auteurs de passage. L’autrice et dramaturge Moni Grégo présentera son nouveau livre « L’Ultime Scène » suivi de « Stances et substances pour un banquet de paroles » paru aux Cahiers de l’Égaré. Tout de noir vêtue, une main gantée, un brin mystérieuse, la comédienne livre un extrait du monologue de la sentinelle qui veille sur un théâtre en ruine. Le public est invité à participer parfois et à réagir. Cette ode à la disparition de la scène de théâtre d’une forte portée dramaturgique dévoile une écriture fine et sensible. « Stances et substances pour un banquet de paroles » dresse les portraits de villageois et bénévoles du Festival au Village, collectés au gré de ses rencontres à Brioux en juillet 2013. C’est léger et drôle, une véritable communauté s’est constituée au fil des ans, des personnalités et histoires étonnantes.
Brioux se met à l’unisson pour accueillir ce grand rassemblement de fidèles, de passionnés, de curieux. Plus de 15 000 festivaliers sont attendus pour cette nouvelle édition du « Festival au Village » ! Une aventure de cœur à partager, une fête pour toute la famille avec de belles rencontres avec les artistes et pas seulement… Découvrez 7 à 10 spectacles par jour dans de multiples disciplines. A suivre aussi dans cette 29ème édition : Brioux en chansons et musique et les arts du Cirque et de la Rue.
Informations pratiques
Festival au Village
Dates
Du 7 au 15 juillet 2017
http://festivalauvillage.free.fr/