"LA FUSILLADE SUR UNE PLAGE D’ALLEMAGNE" Les portes du labyrinthe sont fermées

Les éditions Tapuscrits/Théâtre Ouvert publient en 2014 La Fusillade sur une plage d’Allemagne, la pièce de Simon Diard, un jeune auteur issu de l’ENSATT. Pour la première mise en scène de ce texte, à découvrir jusqu’au 10 février, Théâtre Ouvert invite Marc Lainé et son univers fortement cinématographique. Le metteur en scène propose une version fade d’un texte d’une complexité enivrante, brûlante d’actualité.

Cinq hommes et femmes se sont rassemblées dans cette forêt, autour d’une fosse creusée à la pelle, les yeux rivés sur un corps entre la vie et sa possible mort à venir. Chacune de ces personnes va évoquer le récit de situations violentes, événements parallèles qui vont se rejoindre au même point central, un jeune tueur de masse qui commettrait un massacre sur une plage. Simon Diard développe un labyrinthe littéraire où les paroles, empreintes de réalisme et de fantasme, troublent la perception entre le témoignage et l’imaginaire. Dans ce dédale de parole, se croisent alors le récit d’un père de famille tournant son film de vacance sur une plage, la disparition d’un enfant, la noyade de l’autre, le rêve d’un père massacrant sa famille. La langue y est nette, incisive dans ses détails, enveloppée dans un vocabulaire et un imaginaire cinématographiques qui apportent une véritable identité à son écriture. Créée avant les attentats à la chaîne qui ont frappé Paris, Istanbul, Berlin, Sousse, Orlando, Las Vegas et tant d’autres villes, Simon Diard développe un sombre univers inscrit dans notre imaginaire collectif.

La mise en scène trop simpliste de Marc Lainé n’arrive pas à rendre compte de toute la complexité de la pièce et nous laisse à l’entrée du labyrinthe. Les comédien.nes assis.es en bord de plateau font s’enchaîner les récits d’une manière faussement collégiale, le texte devient monocorde et nous emmène sur une autoroute dont on ne voit plus le bout. Nous sommes bien loin du labyrinthe dans lequel nous étions prêt.es à nous perdre. La deuxième partie rend davantage justice au talent du metteur en scène, en plaçant une caméra à l’intérieur de la fosse, diffusant les dernières visions du condamné à mort. Cette trouvaille scénographique arrive malheureusement trop tard.

 Pour aller plus loin dans l’univers de Simon Diard, une nouvelle pièce de l’auteur est publiée aux éditons Tapuscrit/Théâtre Ouvert : Paranoid Paul (you stupid little dreamer).