« George Dandin ou le Mari confondu» suivi de « La jalousie du barbouillé » de Molière, mise en scène Hervé Pierre à la Comédie Française-Vieux Colombier

Article de Richard Magaldi-Trichet

Le Français se lâche…

Molière a vingt-cinq ans lorsqu’il écrit La jalousie du barbouillé, vingt ans plus tard il s’en inspire pour présenter George Dandin à Louis XIV. L’argument est similaire, tiré d’une farce du Moyen-Âge. Un riche paysan, George Dandin, épouse Angélique, fille d’un gentilhomme ruiné, mais ne tarde pas à s’apercevoir que son mariage, véritable marché de dupes, en fait un mari confondu…

George Dandin (c) C. Raynaud de Lage, coll.CF_1

© Christophe Raynaud de Lage / collection Comédie-Française

Par trois fois Dandin est sur le point de prouver la légèreté de sa femme, qui n’a d’yeux que pour le jeune Clitandre. A chaque fois il se retrouve ridiculisé et humilié, obligé de présenter ses excuses à ceux qui l’ont trompé.

Jérôme Pouly nous présente un Dandin pataud, victime empêtrée qui force notre compassion derrière le rire. La farce cruelle tourne à la tragédie, et comme dans la comptine enfantine « Le fermier dans son pré », notre héros, qui ne sait guère aimer, devient un malheureux « fromage par tout le monde battu ».

Hervé Pierre a choisi de situer l’action de sa mise en scène à l’époque de Napoléon III, et la mise en distance fonctionne parfaitement. Le choc des classes sociales est tout aussi violent et annonciateur de grands événements…

George Dandin (c) C. Raynaud de Lage, coll.CF_3

© Christophe Raynaud de Lage / collection Comédie-Française

La superbe scénographie d’Eric Ruf, aujourd’hui également administrateur de la Comédie Française, mêle le rustique de planches de bois aux bucoliques d’une frondaison habilement éclairée en fond de scène.

Tous les comédiens de la troupe du Français excellents naturellement à restituer devant nous le texte de Molière, un mot-à-mot qui toujours aujourd’hui fait mouche auprès des publics de tous âges.

Mais quand en fin de pièce ils nous présentent l’esquisse de Dandin, La Jalousie du barbouillé, sur un tréteau magiquement installé, l’énergie de la farce décuple leur talent, emmenés par un Noam Morgensztern en docteur génialement drôle.

La Jalousie du Barbouillé (c) C. Raynaud de Lage, coll. CF

© Christophe Raynaud de Lage / collection Comédie-Française

La folie s’empare de nos comédiens, on se rapproche du stand-up avec interactions directes avec le public et quelques coups de canif à la langue de Molière…Il faudrait tous les citer pour nous avoir perché avec eux dans ce délire communicatif, qui emporte même le sage Simon Eine, discret mais profondément présent Lubin, en chef de troupe illuminé.

A l’image de la soirée passée en leur compagnie.

 

« George Dandin » suivi de « La Jalousie du barbouillé »

de Molière mise en scène Hervé Pierre

Avec Simon Eine, Alain Lenglet, Jérôme Pouly, Pierre Hancisse, Noam Morgensztern, Claire de La Rüe du Can, Rebecca Marder, Catherine Sauval ;

Scénographie et costumes Eric Ruf

Lumières Christian Dubet

Musique originale Vincent Leterme

Travail choréographique Cécile Bon

 

Du 18 mai au 26 juin 2016

 

Théâtre du Vieux Colombier

21 rue du Vieux Colombier

75006 Paris

http://www.comedie-francaise.fr/la-comedie-francaise-aujourdhui.php?id=547