« GIVRE, ou la prophétie du frigidaire » et « LAHONTEU » : Sortie de résidence au Théâtre Artéphile à Avignon, Deux ébauches de stand-up

GIVRE, ou la prophétie du frigidaire de et par Marion Méric © DR

GIVRE, ou la prophétie du frigidaire de et par Marion Méric

On frappe à la porte du théâtre. On insiste… et quand le directeur ouvre la porte, c’est un réfrigérateur blanc qui entre, porté par deux jambes nues. L’objet mobile arrive sur la scène, se renverse, soupire, et une femme en sort, étrangement coiffée, étrangement vêtue d’une sorte de voile de plastique à la fois vaporeux et encombrant. Quand, enfin, elle réussit à s’extirper, du frigo comme de son emballage, elle se présente : « je suis la Vérité, dit-elle. » On réalise donc que ce prologue réfère à l‘adage selon lequel la vérité sort du puits. Soit. La Vérité est armée de glaces au chocolat (frigo oblige) d’un visage grimaçant et d’une voix assez désagréable. Est-ce pour nous dire qu’elle n’existe pas ?
Elle nous fait un récit en trois parties : la naissance, la vie, la mort. Le Sphinx n’est pas loin, bien sûr, en moins énigmatique. Nous n’apprendrons rien que nous ne sachions déjà. Un « Stand-upeur » n’est pas un philosophe. Il pourrait être un poète, il devrait être un humoriste. Malheureusement, à ce stade du travail de création, rien de tout ça. Il faut espérer que la recherche de l’autrice/comédienne permettra d’atteindre une dimension plus intéressante.

LAHONTEU, de et par Noam Lenoir

Il est sur scène, de dos, vêtu d’une longue jupe noire et d’un boléro tout aussi noir. Son corps ondule… la musique de Bartók (Ouverture de la Symphonie du Niveau Monde, si je ne m’abuse) a introduit le pas de côté : musique dramatique, personnage décalé. Visiblement trans, le jeune homme pousse devant lui un fauteuil Voltaire muni de roulettes que l’on n’a pas de mal à identifier à un caddie. Elle fait des courses, la dame, accompagnée de ses deux enfants dont un seul a un prénom, Marie, celle qui traîne toujours un peu les pieds « viens donner ton avis, Marie… ah, tu aimes, toi aussi… elle est jolie, cette petite jupe… Et à l’autre : Prends-la, elle te va bien… mais pourquoi tu pleures ? » oui, pourquoi ?
Il s’agit ici, bien sûr, de dysfonctionnement familial, même le jour de Noël, et plus encore d’identité. Celle qui n’est pas nommée préfèrerait sans doute porter autre chose qu’une jupe, autre chose aussi que des lunettes tarif sécu…
Le jeun Noam Lenoir est très intéressant : sa voix passe de la tonalité féminine haut-perchée et snobe de la mère à un ton plus masculin, plus grave parce que plus tragique. Il émaille son propos de séquences chantées et dansées d’une grande générosité et d’une parfaite sincérité. Son récit est un témoignage, sans aucun doute, mais très adroitement détourné, poétique, donc. Sa pièce n’est qu’à son début, mais elle est très prometteuse.

Il est toujours intéressant de suivre des sorties de résidence, parce qu’elles permettent de voir comment la création s’élabore. Ne vous en privez pas !

LAHONTEU Noam Lenoir Artéphile 18-1-2024

LAHONTEU de et par Noam Lenoir © DR

Informations pratiques

GIVRE, ou la prophétie du frigidaire Création 2024 – Compagnie Monde Truelle
LAHONTEU Création 2024 de et par Noam Lenoir
2 sorties de résidence au Théâtre Artéphile

Dates
Le 18 au janvier 2024, Théâtre Artéphile, Avignon

Adresse
Théâtre Artéphile
7, rue Bourgneuf
84000 Avignon

Informations complémentaires

Théâtre Artéphile
artephile.com

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www.facebook.com/people/Cie-Monde-Truelle