« GLISSEMENT DE TERRAIN » La propriété, c’est très surfait

Florence et Ivan, la trentaine, décident de tout quitter à Paris et d’acheter un petit bout de terrain en pleine nature. Construire une maison. Se ressourcer. Revenir aux vraies choses. La vraie vie. Projet de vie ambitieux, surtout quand l’aveuglement des deux personnages mène droit dans le mur.

Glissement de terrain est une pièce simple, ancrée dans la réalité. Travailler sur ces générations X et Y, tiraillées entre les aspirations de leurs baby-boomers de parents (biberonnés au dynamisme économique) et leurs situations financières rarement au beau fixe : voilà le projet annoncé. Et ça résonne forcément très vite.

Un vidéoprojecteur situant le décor et marquant le temps qui passe, quelques chaises, pas mal d’accessoires – une scénographie simple et efficace qui suffit à laisser plonger le spectateur dans la situation. Les quatre comédiens amènent tout le reste : énergie débordante, justesse, plaisir de jeu, qu’on ressent vite. Une montée en puissance tout au long de la pièce qui glisse lentement de la comédie vers la tragédie.

Car Glissement de terrain est drôle (même si le côté bobo parisien en plein trip retour à la nature peut vite taper sur les nerfs), mais c’est surtout une pièce cruelle avec son personnage principal, Florence – pas franchement gâtée avec son copain Ivan ou même dans sa capacité de jauger la situation dans laquelle elle se trouve. Une sorte de descente aux enfers que l’équipe parvient à retranscrire juste comme il faut, passant du rêve de maison au cauchemar de la réalité : devenir propriétaire aujourd’hui est un privilège, et les erreurs peuvent très vite coûter cher.

On pourra, si on veut pinailler, regretter un texte un poil trop quotidien qui prend son temps avant de véritablement prendre son essor. On ne trouvera pas ici de lyrisme ou d’héroïsme démesuré. Mais Glissement de terrain porte très bien son nom. Même en reconnaissant les signes avant-coureurs de la catastrophe à venir, on se laisse tout de même prendre au piège. Une montée en puissance très maline, qui permet d’offrir une image de fin d’une absurdité cruelle et jouissive. Un beau moment de théâtre.

Texte et mise en scène

Hélène François

Avec

Ophélie Legris, Andréa Brusque, Ivan Cori, Nicolas Perrochet

Dates

du 28 mars au 7 avril 2019  

Durée

1h30  

Adresse

Théâtre La Reine Blanche, scène des arts et des sciences
2 bis, passage Ruelle
75018 Paris
 

https://www.reineblanche.com/