« GLORIA GLORIA », une pièce façon thriller signée Marcos Caramés-Blanco

Semblable à un thriller, Gloria Gloria suit avec une forte tension les traces du personnage éponyme de la pièce dont l’histoire semble d’abord tout à fait triviale. Il s’agit en effet d’une jeune femme pauvre, baptisée ainsi Gloria, contrainte de passer ses jours à travailler pour le compte de Madame Paule et à faire la cuisine pour son « mec » José, pas même capable de trouver un emploi.

Elle mène une vie a priori des plus banales, enfermée dans une routine insipide et déprimante. Impossible d’échapper à cette réalité à laquelle Gloria est confrontée. Se refusant à toute idéalisation, Marcos Caramés-Blanco décrit précisément chaque petit détail, chaque petite action d’une journée type de son personnage, conférant à l’écriture une très forte corporalité.

Tout au long de la pièce se créent des images presque cinématographiques, le lecteur pouvant aisément suivre le moindre pas que fait Gloria, comme si elle avait été scrutée de près à la caméra. Cette proximité aussitôt installée entre le lecteur et la protagoniste sollicite une forme de compassion pour cette jeune femme en proie à son quotidien, à une petite vie misérable où la monotonie, la répétition constante des mêmes gestes jour après jour et le traitement qu’elle reçoit de José et Paule lui rendent l’existence terriblement pesante.

Ses seuls réconforts, ce sont sa playlist et sa meilleure amie Rita à qui elle confie tout et qui semble tout savoir d’elle ; car au-delà du rôle qu’elle incarne dans la vie de Gloria, Rita représente aussi la narratrice de l’histoire. Elle apparaît comme la témoin, ou la complice, de tout ce qui se produit dans le récit, suivant Gloria du début jusqu’à la fin de ces 24 heures infernales durant lesquelles vont se produire l’impensable : un accident mortel.

Ce moment fatidique, tournant décisif de l’histoire, bouleverse les choix de Gloria qui se précipite alors elle-même vers sa propre perte, allant jusqu’à commettre un crime. Soudain, toute la tension sur laquelle repose la pièce s’intensifie de façon crescendo. Tout s’emballe dans le texte, à l’image du tourbillon de pensées s’emparant de Gloria. La lecture s’avère d’un seul coup inconfortable, presque angoissante. Le suspense est palpable : que va-t-il advenir de Gloria ?

Ainsi, crûment, Marcos Caramés-Blanco rend visible la violence de la vie ici liée à la classe sociale et au genre de Gloria, prise dans ce carcan dont elle cherche à s’émanciper, peu importe le prix.

Gloria Gloria, une œuvre glorieusement écrite dont la fatalité est sans appel.

Informations pratiques

Auteur(s)
Marcos Caramés-Blanco, auteur et dramaturge

Prix
12 euros

Éditions Théâtrales
www.editionstheatrales.fr