"GRAND REPORTERRE #7 – LA FABRIQUE DE LA DOMINATION" : À la rencontre d’un journalisme subjectif

Grand ReporTerre #7 – La fabrique de la domination, mise en scène Carole Thibaut et Lorraine de Foucher
© Bertrand Gaudillère

Le théâtre, c’est le lieu où l’on voit. C’est une fenêtre ouverte sur le monde, la société, les individus. Loin d’être un espace du mensonge, la scène devient au contraire l’espace de la révélation, de la mise à nu, de l’intime. Et c’est justement ce que propose le Théâtre du Point du Jour dans ses créations Grand ReporTerre : une « expérience scénique hybrique, novatrice, qui questionne des sujets de société ».

Grand ReporTerre, c’est la rencontre entre un artiste et un journaliste, entre le subjectif et l’objectif, les faits et la transformation. Pour la septième édition, la comédienne Carole Thibaut (directrice du Centre dramatique national de Montluçon) et la journaliste Lorraine de Foucher (Le Monde) mettent au coeur de leur création cette rencontre, et proposent d’aller voir « comment ça se fabrique une domination. Comment et pourquoi ça se poursuit, se régénère, sans cesse, malgré les révolutions, les ronds-points, les fronts populaires, les MeToo, les « on se lève et on se casse », les « on se lève et on casse tout », les « décolonisons les arts », les journées du Matrimoine, les grandes causes de quinquennats, les ﬁlms, les livres, les essais, les tribunes… ». Elles invitent le spectateur à « voir de plus près comment on s’en échappe de ces systèmes de pouvoirs écrasants. »

C’est un sujet qui tient très à cœur aux deux femmes, et cela se ressent sur la scène. Leur colère, leurs expériences, leur intimité sont mises à nu, une intimité réciproque et complémentaire. En effet, dans leur mise en scène, elles réussissent à se répondre, à confronter un regard et une parole journaliste à l’espace du théâtre. Dans cet exercice, elles se prennent parfaitement au jeu : pour Lorraine de Foucher, il s’agit même d’une prise de risque, celle de renoncer à l’objectivité journalistique pour laisser parler ses émotions, ses ressentis. Carole Thibaut, de son côté, n’est pas non plus dans une zone de confort : face à l’émotion réelle que livre Lorraine de Foucher, elle propose une leçon d’humilité au théâtre, qui face à la violence de l’actualité, reste protégé par l’espace fictionnel.

Le début du spectacle est un peu timide, et semble d’abord prêter à confusion : où les deux femmes veulent-elles emmener leur public ? Mais peu à peu, la parole devient plus fluide, les supports scéniques se multiplient, le jeu se libère. Carole Thibaut et Lorraine de Foucher le disent elles-mêmes : ce n’est pas une pièce de théâtre, mais une « performance scénique », soumise à la contrainte de l’exercice des Grands ReporTerre. Les intervenants ont une semaine de préparation pour mettre en scène nombre de discussions et de réflexions autour d’un sujet. C’est donc une véritable expérience de théâtre auquel le spectateur est confronté, car cette rencontre est aussi une manière d’assister à un processus de création.

Grand ReporTerre #7 – La fabrique de la domination, mise en scène Carole Thibaut et Lorraine de Foucher
© Bertrand Gaudillère

Informations pratiques

GRAND REPORTERRE #7 – LA FABRIQUE DE LA DOMINATION

Écrit et mis en scène par
Carole Thibaut et Lorraine de Foucher

Avec
Carole Thibaut et Lorraine de Foucher

Création vidéo Benoît Lahoz
Création son Marc-Antoine Granier
Création lumière et régie générale Nathan Teulade
Régie vidéo Clément Fessy