Hamlet création collective de la Compagnie Kobal’t, Mise en scène Thibault Perrenoud © Gilles le Mao
L’adaptation de Hamlet par la compagnie Kobal’t à partir d’un nouveau travail de traduction et de dramaturgie de Clément Camar-Mercier est une réussite. Elle respecte la beauté du texte et les ressorts de l’intrigue tout en donnant un sacré coup de jeune au chef d’œuvre de Shakespeare.
Le metteur en scène, Thibault Perrenoud, reste fidèle au Théâtre de la Bastille en y proposant le troisième épisode de ce que l’on peut qualifier la trilogie des Classiques de la compagnie Kobal’t, fondée il y a 15 ans avec deux autres comédiens, Mathieu Boisliveau et Guillaume Motte. Leurs créations du Misanthrope de Molière en 2014 et de La Mouette de Tchekhov en 2017 avaient déjà marqué les esprits.
Hamlet veut venger la mort de son père, roi du Danemark, assassiné par son propre frère qui s’empresse d’épouser sa veuve et récupérer sa couronne. Le fantôme de son père lui demande de le venger. Mais le fils ne veut pas répondre au meurtre par le meurtre. Hamlet, bouleversé par la perte de ce père qu’il considérait comme le meilleur, développe une vision de la vie et de la mort (le fameux « To be or not be ») et orchestre tout une mise en scène autour de cette vengeance. « Hamlet ne veut pas passer à l’action, il veut penser » analyse le dramaturge et traducteur de cette adaptation, présentant le héros comme un « philosophe moderne ».
Au Théâtre de la Bastille, comme pour les deux premiers spectacles de la compagnie, la salle est totalement restructurée. Les spectateurs sont installés en U autour de la scène. Certains sont même installés sur le plateau durant la première partie. Ils sont au cœur du dispositif, interpellés à plusieurs reprises et pris à partie. Les comédiens font eux-mêmes évoluer les décors par la suite.
La compagnie retrouve ainsi l’esprit shakespearien. Un grand nombre de mises en scène très académiques des pièces de l’auteur britannique font oublier ce qu’étaient les représentations jouées de son vivant : elles se déroulaient dans son théâtre circulaire du Globe à Londres, au sein duquel les gens étaient debout et circulaient pendant le spectacle dans un joyeux bordel.
Quatre comédiens jouent sept personnages (une vingtaine dans la pièce d’origine), changeant de rôle sans sortir de scène. Cela participe au rythme dense du spectacle. Seul le metteur en scène, Thibault Perrenoud, n’incarne qu’un seul personnage, Hamlet. Tous jouent avec une fougue jubilatoire. La tragédie reste tragédie mais elle n’est pas incompatible avec des séquences d’humour et de joie intense pour la compagnie Kobal’t.
Hamlet création collective de la Compagnie Kobal’t, Mise en scène Thibault Perrenoud © Gilles le Mao
Informations pratiques
Auteur(s)
Création collective d’après « La tragique histoire d’Hamlet, prince de Danemark » de William Shakespeare
Mise en scène
Thibault Perrenoud
Avec
Mathieu Boisliveau, Pierre-Stefan Montagnier, Guillaume Motte, Aurore Paris, Thibault Perrenoud
Collaboration artistique Mathieu Boisliveau
Traduction, adaptation et dramaturgie Clément Camar-Mercier
Lumières et régie générale Xavier Duthu
Scénographie Jean Perrenoud
Avec le regard de Guillaume Séverac-Schmitz
Dates
Du 9 janvier au 6 février 2020 à 20h (relâches les dimanches)
Durée
2h
Adresse
Théâtre de la Bastille
76, rue de la Roquette
75011 Paris
Informations pratiques
Compagnie Kobal’t
www.kobal-t.com