« Happy Hour », de et avec Alessandro Bernardeschi et Mauro Paccagnella au Théâtre de la Bastille

Un article de Marianne Griffon

 

Tant pis, tant mieux

 

Ces deux danseurs italo-belges d’une cinquantaine d’années nous invitent à prendre place pour  nous raconter le processus créateur de leur spectacle.

Ils s’assoient sur deux chaises face à face et le premier met des lunettes, entre dans la caricature du journaliste aguerrit et interviewe le deuxième :

« – Depuis combien de temps travaillez-vous sur ce spectacle ?

– Deux semaines, un mois, un an…

– Oui, plutôt un an ! Avez-vous eu des sous pour le créer ?

– Non, pas vraiment.

Le journaliste se tourne vers les spectateurs et leur propose d’investir…. Rires dans la salle.

– Comment vous est venue l’idée de ce spectacle ?

– Nous étions en tournée en France, dans un café et l’on voit sur un panneau Happy Hour ».

L’idée était née.

Ils se regardent, leurs têtes attirées l’une vers l’autre irrésistiblement, puis après un petit pas de danse qui les mue, ils se rassoient en ayant changer les rôles. Ce petit jeu continue encore un moment, et nous arrivons à l’idée principale du spectacle : Les matières.  Ce début de spectacle plein d’humour et de poésie, entre dialogues et moments dansés, nous laisse présager une réinterrogation du processus de création et de ses absurdités.Dans ces huit matières, qu’ils nous dévoilent l’une après l’autre avec une application certaine, il y a boire et à manger : de la danse, de la vidéo, des perruques, des spectateurs, de la bière, des plumes…  Des matières sur leur lien, leur amitié qui remonte à longtemps, leur histoire.

Et ils veulent la partager, cette histoire, avec le public. Pour cela ils s’inscrivent dans la tendance participative du moment où ça adresse directement, ça pose des questions, ça prend à parti les spectateurs et ça les invite même à venir danser sur le plateau ! Quel Culot ! Mais au bout de trois/quatre matières, nous ne pouvons nous empêcher de nous questionner sur l’intérêt de ce qui est présenté au plateau. A part nous raconter leur amitié agrémentée de jolis enchaînements dansés, que nous disent-ils ?

Pas grand chose.

Nous passons une heure à les regarder – et aller cinq minutes à danser, si vous avez fait partie des spectateurs qui sont montés au plateau pour se dégourdir les jambes – faire des numéros comico-absurdes. Ils vont jusqu’à se mettre des plumes dans le c.. à la Joséphine Baker, ou se mettre à marcher, tels des idiots, en caleçon, une ceinture tenant leurs bourrelés et une genouillère sur la tête.

A la fin du spectacle, nous n’en avons pas plus appris sur ces deux hommes mais peut-être que c’est tant mieux… Le monde devrait continuer à tourner même si ce n’est pas autour d’eux !


 

Happy Hour
 

Spectacle de Alessandro Bernardeschi et Mauro Paccagnella.

Conception, chorégraphie et interprétation Alessandro Bernardeschi et Mauro Paccagnella.
Musique Verde-Canfora, Bob Dylan, Rainer Pietsch et Amanda Lear, Claudio Monteverdi, Sibylle Baier et Siouxie and The Banshees.

Lumières et direction technique Simon Stenmans.

 

Du 23 au 27 janvier 2017
 

Théâtre de la Bastille
76 rue de la Roquette
75011 Paris

http://www.theatre-bastille.com