House, mise en scène Amos Gitaï © Simon Gossel
Amos Gitaï transforme la scène de la Colline en vaste chantier avec échafaudages et deux ouvriers palestiniens qui sont au travail dès l’arrivée des spectateur.trices. Au son de leurs coups contre la pierre, accompagnés de musiciens (Dima Bawab, Benedict Flinn, Alexey Kochetkov, Laurence Pouderoux, et Richard Wilberforce), les récits des occupants successifs vont s’enchaîner et tenter de sculpter cette maison de Jérusalem Ouest dans nos imaginaires.
La scénographie d’Amos Gitaï assisté de Philippine Ordinaire illustre le long labeur de l’édification d’une réconciliation. Les pierres deviennent le symbole du dilemme de ce conflit : vaut-il mieux démolir les fendues ? les démonter ? les reconstruire ? les réparer ? Les spectateur.trices sont plongé.es dans une longue errance archéologique, dans un chantier sans fin. Les récits sont fragmentés, portés par les diverses langues des comédien.nes d’origines multiples : Jaffa, Paris, Ramat Gan, Téhéran, Tel Aviv, le pied du Mont Hazon en Galilée, le village de Tarshiha en Palestine. C’est une histoire plurielle, sans fil rouge, qui se conte avec beaucoup de détachement apparent et au sein de laquelle il est difficile de s’accrocher.
« Je suis désolée, mais ce n’est pas moi qui ai fait l’histoire ». nous dit Claire, l’une des occupantes, d’origine turque et passée par Stockholm avant d’arriver à Jérusalem. Pas de place pour la petite histoire dans House, mais une volonté de raconter la grande Histoire avec beaucoup de retenue. Le spectacle ressemble davantage à un archivage que l’on consulte lentement. Pas d’enjeux dramatiques autres que ce que nous savons déjà et apprenons de cette Histoire. Nous décortiquons les noms de nombreux lieux : les villes dans lesquelles les habitants Palestiniens se sont réfugiés, les différentes pièces de la maison de Jérusalem, les pays desquels les Israéliens sont issus. Cette vaste consultation d’archives est ponctuée d’interludes musicaux remarquables où comédiens et musiciens battent le rythme métallique des échafaudages. Une étonnante lecture est projetée au milieu du spectacle et explique quelque part la retenue des récits fragmentés et le parti pris politique : « Question que se pose un ouvrier qui lit Bertold Brecht ».
Né à Haïfa en Israël, Amos Gitaï appartient à la première génération contestataire née après la fondation de l’État d’Israël. Ce spectacle porte les traces des nombreuses vies de Gitaï : le cinéaste avec les projections de séquences filmées, l’architecte dans la scénographie et la dramaturgie même de cette frise chronologique éclatée d’une maison de Jérusalem, l’étudiant blessé de la guerre de Kippour, le fils d’un réfugié du nazisme et d’une intellectuelle née en Palestine.
House, mise en scène Amos Gitaï © Simon Gossel
Informations pratiques
HOUSE
Auteur(s)
Amos Gitaï
Adaptation du texte Marie-José Sanselme et Rivka Gitaï
Mise en scène
Amos Gitaï
assistée de Talia de Vries
Avec
Bahira Ablassi, Dima Bawab, Benna Flynn, Irène Jacob, Alexey Kochetkov,
Micha Lescot, Pini Mittelman, Kioomars Musayyebi, Menashe Noy,
Minas Qarawany, Atallah Tannous, Richard Wilberforce
Scénographie Amos Gitaï assisté de Philippine Ordinaire
Costumes Marie La Rocca assistée d’Isabelle Flosi
Lumières Jean Kalman
Son Éric Neveux
Direction musicale Richard Wilberforce
Collaboration vidéo Laurent Truchot
Maquillage et coiffure Cécile Kretschmar
Préparation et régie surtitres Katharina Bader
Construction du décor atelier de La Colline – théâtre national
Production La Colline – théâtre national
Dates
Du 14 mars au 13 avril 2023 au Grand Théâtre La Colline
du mercredi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30 et le dimanche à 15h30,relâche le dimanche 19 mars
spectacle en français, anglais, arabe, hébreu surtitré en français et en anglais
Durée
2h
Adresse
La Colline – théâtre national
15, Rue Malte-Brun
75020 Paris
Informations complémentaires
La Colline – théâtre national
www.colline.fr
