"HUNTER, LE CHANT NOCTURNE DES CHIENS" Let the dogs out !

Marc Lainé publiait en novembre dernier sa dernière pièce, Hunter Le chant nocturne des chiens, un véritable coup de cœur littéraire dont le théâtre de Chaillot présente actuellement la première mise en scène par l’auteur. Un texte fort où s’allient parfaitement l’exigence dramaturgique et la culture populaire des films d’horreur, où l’univers se pare des codes kitchs et pop de la série B. La mise en scène de Marc Lainé peine pourtant à développer sur le plateau tout le potentiel de son texte, offrant une adaptation timide qui tarde à pousser son cri.

Dans une banlieue pavillonnaire, un couple découvre une présence inquiétante dans les ombres du jardin. L’ombre s’enfuit dans le cabanon, en surgit une fille enragée qui mort la main de David. S’ensuit une longue métamorphose qui développera des désirs primitifs chez l’homme pour cette figure gothique et fantastique de femme-garou.

Dans l’intimité de la salle Gémier, le plateau se dévoile tel un plateau de cinéma aux multiples fonds verts, la reproduction d’un appartement de banlieue pavillonnaire. Marc Lainé ne ment pas sur ses intentions et révèle dans une esthétique brute la boîte à effets spéciaux avec laquelle il va tenter de nous emporter. La mise en scène joue avec finesse sur une perception vacillant entre l’illusion et la fabrique de cette même illusion. Rien n’est portée pour réaliste dans cette production volontairement cheap que l’on pourrait aisément retrouver sur les chaînes du câble.   Malgré quelques épisodes scéniques saisissants, la mise en scène de Hunter use de l’esthétique kitsch de manière trop éparse. L’écart se creuse entre la promesse littéraire et les moyens cinématographiques trop peu utilisés, ne donnant pas à la pièce l’identité artistique qu’elle mérite. Une zone trouble à l’intérieur de laquelle les comédien.es semblent se perdre, modulant pour certain.es sur des styles de jeu indéterminés.

L’ensemble reste un très bon divertissement qui se maintient dans l’univers pluridisciplinaire de Marc Lainé. Quel dommage pourtant que le metteur en scène n’ait pas lâché les chiens et laissé s’exprimer leur nature !