Gérald Garutti, metteur en scène, dramaturge et écrivain, auteur de Il faut voir comme on se parle édité aux Actes Sud en 2023, est parallèlement initiateur du Centre des Arts de la Parole qui sera inauguré le 13 mars 2023.
Dans les personnes qu’il remercie en fin d’ouvrage, le premier est Alain Souchon à qui il a emprunté dans la chanson Foule sentimentale, « il faut voir comme on nous parle » à ceci près que le « nous » se transforme en «se». Trente ans plus tard, il est question dans le livre de (re)construire ensemble le « nous ». Dans cette logique, il remercie les membres du Conseil du Centre des Arts de la Parole dont fait partie Cynthia Fleury puis l’équipe du même centre.
Le livre a un sous-titre « Manifeste pour les arts de la parole » qui annonce le style de l’ouvrage qui cherche à convaincre avec des arguments forts, redondants comme dans la propagande. Il s’agit d’un acte non pas politique mais citoyen. Nous sommes donc tous concernés à priori. Si l’auteur enfonce le clou, il use de l’art de l’éloquence comme du slogan « bipartite » en nous informant de manière référencée.
D’emblée, l’auteur nous entraîne dans un système binaire mais pas réducteur où il oppose deux types de paroles qui se combattent pour des finalités aux antipodes. Ainsi, le clash chasse le dialogue où la notion de réciprocité est essentielle dans le respect de l’autre dans son altérité par opposition à une posture de toute puissance autocentrée et sans écoute. Car, s’il y a un émetteur, il y a bien un récepteur, ce qui n’est pas une évidence pour tout le monde.
Or, « Mutiler la parole, c’est tronquer l’Humanité. » La justesse et la justice sont recherchées dans l’art de l’écoute, l’art du vivant, l’art de la présence, l’art du rassemblement, l’art de l’autre, l’art du lien. L’auteur rejoint Goethe avec sa célèbre citation « Parler est un besoin, écouter est un art ». Au regard de la dégradation de la parole, l’auteur redéfinit avec des sous-catégories, les sept arts qui subliment la parole et transcendent la violence : le théâtre, le récit, la poésie, l’éloquence, la conférence, le dialogue, le débat.
Les champs, artistique, intellectuel et citoyen sont ainsi convoqués dans ce plaidoyer qui redore et honore la parole dans la création, la transmission et l’interaction. Ces dernières se construisent dans le collectif dont nous avons tant besoin comme lien positif entre humains. Dans ce cadre, la parole nous redonne une dignité personnelle où chacun s’écoute pour donner naissance à une parole juste, dans le souci du sens, de la responsabilité et de l’humanité.
En cette période où la parole est galvaudée au détriment de notre humanisme, le livre de Gérald Garutti est nécessaire. Porte-parole convaincant, il nous enrôle sans captation mais avec un « je » qui s’articule au « nous » pour parler juste au-delà du bien parler.
Informations pratiques
Auteur(s)
Gérald Garutti
Prix
12,50 euros
Éditions Actes Sud
www.actes-sud.fr
Centre des Arts de la Parole
centredesartsdelaparole.fr