« IL NOUS FAUDRA BEAUCOUP D’AMOUR », Danse au musée et connexion au vivant

Il nous faudra beaucoup d’amour, de Nadia Vadori-Gauthier (chorégraphe) avec Anna Carraud, Margaux Amoros et Liam Warren (Danseurs)

Il nous faudra beaucoup d’amour de Nadia Vadori-Gauthier est un projet de création chorégraphique accueilli au musée d’art moderne de Paris les 21 et 22 mai 2022 dans le cadre de l’évènement Colline de Arts qui regroupe plusieurs lieux de culture de la Colline de Chaillot à Paris, en partenariat avec Micadanses-Paris.

La chorégraphe pratique depuis sept ans un acte quotidien de résistance poétique intitulé Une minute de danse par jour et visible sur les réseaux sociaux: « Depuis les attentats de janvier 2015, je danse chaque jour sans exception, pour nous, pour la Terre, pour notre temps ».
Elle pratique également la danse auprès des œuvres, activité qui s’est intensifiée pendant la période de confinement liée à la crise sanitaire. Nadia Vadori-Gauthier souhaite aujourd’hui partager ce que lui a apporté cette relation, avec les tableaux et les sculptures dans les salles désertes, avec les publics du musée.

Les visiteurs sont donc invités à parcourir l’espace de la collection permanente du musée en suivant trois danseurs qui dialoguent avec les œuvres picturales et sculpturales. Leurs corps se déploient dans des dimensions multiples et interconnectées aux œuvres et au public. L’audience accompagne leurs traversées, happée par leurs gestes d’où émanent une vibration de l’instant, transcendés par la musique qui les accompagnent. Le passage d’une salle à l’autre s’effectue par des transitions musicales et chorégraphiées.
Le spectateur ne peut résister à l’envie d’aller dans le sens de leurs déambulations, avide de connaître la suite et d’être surpris par une nouvelle proposition d’un ou plusieurs danseurs. Ces va-et-vient donnent parfois lieu à des jeux de connivence avec le spectateur qui prend part au geste chorégraphique.

C’est une expérience inédite de l’art, activée par la méthode de danse du Corps sismographe qui est donnée à voir. Il s’agit de canaliser et d’exprimer par la danse des informations émanant des toiles ce qui engendre une relation de réciprocité semblable à celle qui s’active lors de moments dansés dans la nature. L’émotion suscitée est également visible sur les visages des trois interprètes qui ouvrent de nouvelles dimensions à la perception d’une toile. Se pose également la question du concept d’écosophie, forgé par Arne Næss en 1960, qui invite à un renversement de la perspective anthropocentriste.
L’œuvre est comparée aux éléments naturels. Le corps des danseurs convoquent les mêmes canaux qu’au sein de la nature, il est le réceptacle et le médiateur d’une circulation d’énergie singulière, originelle et protéiforme. Au terme de ce voyage, l’envie est forte de refaire le chemin inverse au sein de l’exposition et de prendre un moment pour s’attarder sur une ou plusieurs œuvres choisies.

Cet opus pour trois danseurs offre une suspension et une respiration dans le temps. Durant une heure, impossible de s’égarer et de penser à autre chose qu’à ce qui est vécu et partagé comme un pur moment de poésie et d’amour.
C’est donc une première édition réussie pour cette pièce que l’on pourra retrouver lors d’une seconde résidence à l’automne 2022 puis à l’occasion du Festival Faits d’hiver de 2023.