« J’ÉTAIS DANS MA MAISON ET J’ATTENDAIS QUE LA PLUIE VIENNE »  Une pièce de femme incontournable  

Après Juste la Fin du monde, les éditions Les Solitaires Intempestifs font entrer une seconde pièce de Jean-Luc Lagarce dans leur collection « Classiques contemporains ». Jouée cette saison sur les planches de la Comédie Française dans une mise en scène de Chloé Dabert, J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne est un texte majeur de l’œuvre de l’auteur français. Parcourir ces pages, c’est découvrir une pièce de femme fascinante. Elles portent en elles la poésie des personnages homériques et tchekhoviens, sublimée par l’écriture si particulière de Jean-Luc Lagarce.

Comme pour Juste la Fin du monde, le fils prodigue – de retour après des années d’absence – est le point de rentrer dans ce huis-clos familial. Après un départ sans promesse de retour, une altercation violente avec le père, les cinq femmes ont attendu à l’intérieur, ou sur le seuil de la maison, son retour. De cette route cachée derrière les arbres, empruntant ce virage observé pendant des années, une voiture roule jusqu’au pas de la porte et dépose le fils tant attendu. Sans un seul mot, il revient et s’effondre de fatigue sur le sol de la maison. Sans connaissance, allongé sur son lit d’enfance, est-il revenu pour mourir ? Personne ne le saura.

Son retour va faire émerger chez les cinq femmes de générations différentes – L’Aînée, La Mère, La Plus Vieille, La Seconde, La Plus Jeune – les souvenirs réels ou fantasmés de ces années d’attente. La langue se déploie, se répète, s’interrompt, se reconstruit sans cesse, déployant un discours de la mémoire qui virevolte entre nostalgie et espoir. J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne fut la pièce qui participa à la notoriété post-mortem de l’auteur, n’ayant connu cette reconnaissance publique de son vivant. Cette édition proposée par les éditions Les Solitaires Intempestifs retrace l’histoire et l’envers de l’écriture de cette pièce si particulière. En plus de la préface d’Alexandra Moreira Da Silva, le lecteur pourra y découvrir le synopsis écrit par Jean-Luc Lagarce, la chronologie de la pièce et des extraits de son Journal relatant du processus d’écriture. Ces extraits choisis sont particulièrement touchants, retraçant avec sincérité des périodes de doute et de contentement, mettant en lumière la personnalité de l’auteur.

La collection « Classiques contemporains » permet de découvrir ces œuvres en profondeur, et la parution de J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne ne déroge pas à la règle. Un véritable bonheur de lecture.

 

« Je regardais la route et je songeais aussi, comme j’y songe souvent, le soir, lorsque je suis sur le pas de la porte et que j’attends que la pluie vienne,
je songeais encore aux années que nous avions vécues là, toutes ces années ainsi,
nous, vous et moi, toutes les cinq, comme nous sommes toujours et comme nous avons toujours été, je songeais à cela,
toutes ces années que nous avions vécues et que nous avions perdues, car nous les avons perdues,
toutes ces années que nous avions passées à l’attendre,
celui-là, le jeune frère, depuis qu’il était parti, s’était enfui, nous avait abandonnées,
depuis que son père l’avait chassé »

 

Informations pratiques

Auteur(s)
Jean-Luc Lagarce


Prix
9,5 euros


Les Solitaires Intempestifs
http://www.solitairesintempestifs.com