Article de Paula Gomes
Le temps de la reconstruction
Un jeune homme s’installe dans une maison vide. Il vient annoncer à sa famille sa mort prochaine. Comment vont-ils le prendre ? Louis, 34 ans n’est pas revenu depuis plus de 10 ans dans cette demeure campagnarde pleine de souvenirs. Le public suit le cheminement des pensées des personnages, les retrouvailles, les ressentiments et les conflits qui ressurgissent après une longue absence : la petite sœur Suzanne lui reproche le peu de nouvelles, restée sous le joug d’une mère toute puissante, Antoine le frère cadet le fait d’avoir eu plus d’attention de par sa santé fragile.
© Olivier Quero
Louis fait la connaissance de Catherine, la femme d’Antoine qui tente de se lier d’amitié avec lui malgré le fait qu’il n’ait jamais rencontré ces neveux de 6 et 8 ans. Mais ce n’est pas du goût du clan familial qui veut profiter du retour de ce fils Prodigue tant attendu. Cette pièce aborde la thématique de la mort avec cruauté et émotions fortes. Une succession de monologues où Louis ne dit presque rien, il est simplement l’« ouïe », témoin silencieux des griefs maladroits et abrupts causés par la séparation et le temps qui passe.
© Olivier Quero
La mise en scène de Julie Duclos donne la part belle au texte puissant et remarquable du dramaturge Jean-Luc Lagarce. Le jouer n’est pas aisé et nécessite une grande précision. Les comédiens doivent trouver les rythmes intérieurs dans les silences et les situations extrêmes. Si les monologues ne sont pas tous du même niveau, l’Ensemble 23 donne du rythme et ne laisse jamais retomber la tension qui les anime. La solitude, l’éloignement et la perte d’amour sont des sujets récurrents dans l’œuvre de Lagarce et de nombreux auteurs contemporains. Après la disparition, les enjeux vitaux de la reconstruction entre non-dits et paroles amers. Au plus près de l’être et de ses mécanismes, le champ des possibles d’un avenir commun.
Juste la fin du monde
de Jean-Luc Lagarce
Mise en scène Julie Duclos
Avec Marina Cappe, Lorry Hardel, Antoine Laudet, Pauline Parigot, Florent Pochet de l’Ensemble 23
Lumière Jérémie Papin
Jeudi 16 juin à 20h, vendredi 17 juin à 22h et samedi 18 juin à 17h
Durée 1h15
Théâtre national de la Colline
15 Rue Malte Brun
75020 Paris