"LA DÉLICATESSE", une adaptation littéraire douce et réussie

La Délicatesse, mise en scène Thierry Surace © Cie Miranda

Qui a dit que la littérature ne fonctionnait pas au théâtre ? Le roman de David Foenkinos porté sur la scène par Thierry Surace, enchante depuis la mi-janvier les spectateurs du Théâtre de l’Oeuvre. Portée par un trio de comédiens profondément humains, cette comédie ne peut que toucher, toute en délicatesse bien sûr.

Pour ceux qui n’auraient ni lu le livre, ni vu le film, et encore moins la pièce (sinon vous n’iriez pas lire cet article), Nathalie et François sont un couple heureux, vraiment heureux, de ceux qu’on en voit peu. Jusqu’à ce que François décède, renversé par une voiture. S’ensuit pour Nathalie, les difficultés psychologiques qu’on traverse à la mort d’un proche. La solitude, la folie des souvenirs, l’impression d’errer sans être là. Jusqu’à Marcus.

La pièce évoque la détresse face à la mort, les hommes qui ne savent pas s’y prendre avec les femmes mais pensent le savoir, et ceux qui pensent ne pas savoir s’y prendre, mais s’y prennent mieux. C’est les différentes étapes du deuil, c’est des extraits musicaux qui arrivent toujours au bon moment, c’est les couches successives des pulls de Marcus qu’il retire au fur et à mesure, comme s’il se dévoilait lentement face à Nathalie.

La Délicatesse porte bien son nom, la comédienne de Nathalie est à fleur de peau, magnifique dans sa douleur, et son amour naissant pour Marcus (malgré son style vestimentaire peu engageant). Jean Franco change de personnage avec une aisance rare, et son interprétation de Marcus ne peut que nous amuser, ou nous faire pleurer, c’est selon sa volonté.

Trois comédiens donc, Sélène Assaf (Nathalie), Jean Franco (François, Marcus et le patron), et Jérôme Schoof en majordome, avec quelques interventions littéraires. Trois comédiens et une palette d’émotions, les lieux défilent, ça court, ça danse, ça mange et ça pleure. On passe d’un toit, à un salon, à un restaurant, à un bureau, à un palier d’appartement, et avant qu’on ai pu dire ce qui vient de nous arriver, la pièce est finie et les comédiens saluent.

Si la mise en scène n’est pas particulièrement étonnante, le jeu des comédiens, leur finesse et leur générosité l’est.

Comment vous parler de La Délicatesse comme elle le mérite ? Pour les amateurs du roman de Foenkinos et pour ceux qui ne savent pas qui c’est, allez voir La Délicatesse. Allez vivre avec ces comédiens, et vous nous direz dans quel état vous en êtes sortis.