La deuxième mort de Laura Belle , mise en scène Olivier Douau © Fabrice Sabre
Une scénographie minimaliste : claies noires en fond de scène, permettant, grâce à un projecteur balayant d’évoquer les phares d’une voiture qui arrive et se gare. Des cubes, noirs également, figurant deux tables, quatre tabourets deux consoles, l’une pour le téléphone, l’autre pour une antique TSF. Nous sommes dans les années cinquante, costumes noirs et chapeaux mous.
Une distribution minimale également : trois personnages. Un policier, un journaliste, et la fameuse Laura Belle. Mais bien sûr, d’autres personnages sont évoqués : le chef local des malfrats qui gangrènent la ville, ses lieutenants ; Angelica, la sœur, presque jumelle, de Laura Belle ; un père, un fiancé, des amis assassinés par le redoutable Braxton. Finalement, ça fait du monde.
Une mise en scène très simple : essentiellement des dialogues debout, assis ; des verres de Bourbon qu’on se tend et qu’on boit debout ou assis, un bras en écharpe douloureux, qu’il ne faut pas toucher et qu’on touche par mégarde, un blessé qu’il ne faut pas faire rire et qui ne résiste pas à l’humour de la belle Laura, laquelle porte en première partie un costume assez mal seyant, visiblement inconfortable et en deuxième partie une robe très ajustée, pas plus confortable.
Tout est minimaliste, sauf l’histoire elle-même. Là, l’auteur, metteur en scène et comédien Olivier Douau n’a pas ménagé ses efforts. Comme dans un film noir des années cinquante, plusieurs « tiroirs » seront tirés, contenant les secrets des uns et des autres. Le policier qui traque Braxton depuis longtemps, a assisté à la mort du fiancé d’Angelica, dans le restaurant hongrois où il avait ses habitudes, étant lui-même d’origine hongroise. Le journaliste qui a sauvé Laura lors de leur première rencontre en se jetant sur elle pour la protéger (d’où le bras en écharpe) a lui aussi assisté à un assassinat, celui de son père par un cambrioleur à la manque dans l’épicerie du quartier, alors qu’il n’était qu’un enfant. Laura Belle est le personnage le plus complexe : amnésique, elle ne sait plus pourquoi elle avait appelé le journaliste. Profondément bouleversée par l’éloignement de sa sœur qu’elle n’a pas vue depuis sept ans, elle manie très bien le langage et alors que le journaliste est censé lui poser des questions pour l’aider à retrouver la mémoire, elle retourne les questions et semble avoir enfoui un secret important.
En fait, le spectateur finira par saisir qu’il s’agit là d’un stratagème ourdi par le policier qui se sert aussi bien du journaliste que de la prétendue Laura comme appâts pour attirer son ennemi public numéro un et en débarrasser la ville.
Tout ça, bien que compliqué, donne une impression de banalité, parce qu’on a vu et revu ce genre de film noir des années cinquante. Cela dit, beaucoup de spectateurs sont ravis, ils ne sont pas déstabilisés et apprécient le jeu des acteurs. La jeune actrice Nathalie Comtat est très bonne.
La pièce présentée en avant-première par la Compagnie du Nouveau Monde se jouera pendant tout le festival Off d’Avignon à 18 heures au Théâtre de l’Adresse.
Informations pratiques
LA DEUXIÈME MORT DE LAURA BELLE – Compagnie du Nouveau Monde
Festival OFF d’Avignon du 7 au 29 juillet 2023
Auteur
Olivier Douau
Mise en scène
Olivier Douau
Interprétation
Nathalie Comtat, Jean-David Stepler et Olivier Douau
Création lumière David Ripon
Durée
1h
Dates
16 et 17 juin 2023 en avant-première Festival OFF d’Avignon au Théâtre de l’Adresse, Avignon
Du 7 au 29 juillet 2023 à 18h Festival OFF d’Avignon au Théâtre de l’Adresse, Avignon
Adresse
Théâtre de l’Adresse
2, avenue de la Trillade
84000 Avignon
Informations complémentaires
Théâtre de l’Adresse Facebook
www.facebook.com/theatre.deladresse
Festival OFF d’Avignon
www.avignonleoff.com
Compagnie du Nouveau Monde
www.compagniedunouveaumonde.fr
