« LA FORCE QUI RAVAGE TOUT », Tsunami en amour

La Force qui ravage tout de David Lescot aux éditions Les Solitaires Intempestifs débute par la sortie des personnages de l’opéra baroque d’Antonio Cesti, à la mauvaise réputation au cours des siècles à cause de son intrigue plus que légère et une vision du rapport amoureux inquiétante, frénétique, à l’équilibre précaire. Orontea, reine d’Égypte, clame son refus de céder à l’amour et sa volonté de rester libre. La Force de l’amour, tornade, tempête, ouragan, emporte, voire ravage avec des effets destructeurs. Véritable chamboule-tout, elle engloutit tous les autres champs humains sur son passage.

Or, les personnages/spectateurs qui ont suivi cette représentation ce soir-là, se mettent à se comporter de manière de plus en plus étrange et imprévisible, rebattant les cartes de leur vie sentimentale, puis se mettant à soumettre tous les autres aspects de leur existence au règne de l’amour. C’est lui désormais qui guide leurs comportements, leur mode de vie ou leurs choix professionnels. Au fil de ce temps continu se déroulent leurs histoires et leurs bouleversements, les relations qu’ils nouent, celles qu’ils brisent, celles entre deux ressurgies du passé, situations absurdes, renversantes, drôles ou tragiques, mais qui laisseront leur vie sens dessus dessous.

Cette création avec dix personnages est mise en scène par l’auteur lui-même du 14 au 27 janvier 2023 au Théâtre de la Ville (Espace Cardin) à Paris. Également musicien, David Lescot écrit, compose et met en scène en juin 2019 la comédie musicale Une femme se déplace, au Printemps des Comédiens de Montpellier. David Lescot est associé au Théâtre de la Ville à Paris. Ses textes sont traduits et joués dans de nombreuses langues et publiés chez Actes Sud-Papiers, Gallimard et aux Solitaires Intempestifs.

Le texte La Force qui ravage tout est une comédie musicale où les personnages se mettent à chanter lorsqu’ils sont débordés par leurs émotions, ce qui est signalé pour le lecteur par un léger retrait du texte. 4 couples, Mona/Cyriaque, Antonia/Tobias, Clyde/Ludivine et Iris/Anatole sortent de l’Opéra, parlent par deux. Le lecteur et/ou spectateur passe de l’un à l’autre avec le leitmotiv « Alors, ça t’a plu ? » avec des réponses divergentes. Quand ils ont faim, le leitmotiv est « Eh ben moi j’ai faim » comme si les personnages faisaient corps commun dans la faim éprouvée. D’ailleurs, un personnage fait remarquer « T’as vu c’est marrant on parle en même temps ». C’est alors que le personnage d’Anandré au téléphone chante « Eh ben moi j’ai faim ». Chaque personnage masculin répète à sa dulcinée « On va dîner où ? » avec un effet de cascade.

Les jeux de répétitions sont foisonnants et confèrent un rythme particulier qui renforce la structure qu’offrent les quatre couples qui se répondent et se font écho de l’un à l’autre. « C’est faux, tout est faux, tout est faux, tout est faux. », « J’ai détesté ça, j’ai détesté ça » avec un bis, « Ça nous parle pas, ça nous parle pas », « Ça nous dit rien du monde, ça nous dit rien d’aujourd’hui, ça nous dit rien, mais ça le redit et ça le redit, et ça le redit. »

La Force qui ravage tout est à l’affiche dans une mise en scène collective du 26 au 27 mai 2023 à Créteil MAC (Maison des Arts et de la Culture).

Informations pratiques

Auteur(s)
David Lescot

Prix
15 euros

Éditions Les Solitaires Intempestifs
www.solitairesintempestifs.com