« LA NOSTALGIE DES BLATTES », Avenir où es-tu ?

La Nostalgie des blattes, mise en scène Marilyn Pape © Y. Petit

D’emblée, une atmosphère étrange plane sur scène. Par la suite, elle sera renforcée par la musique et le contenu du dialogue inquiétant et drôle à la fois. Une petite vieille qui fait vieille demoiselle arbore une pièce de lingerie inusitée ; un « panty » chair assorti au haut qui moule ses quelques minces bourrelets. Installée sur une chaise balancelle, elle nous regarde, silencieuse. Arrive une seconde, habillée. Elle plie soigneusement sa robe pour la ranger dans le tiroir de la chaise juxtaposant la première. Elle est dans une tenue similaire avec une morphologie plus ronde. Ne supportant guère sa congénère arrivée, la première lui envoie des piques bien sentis que la seconde reçoit à leur juste mesure pour lui renvoyer la pareille.

Très vite cependant, elles trouvent un premier consensus sur le fait qu’elles ne sont pas « botoxées » et revendiquent avec fierté leurs appâts de vieilles peaux sans retouche qu’elles exposent avec fierté. Après les disputailles mesquines et dérisoires, elles se sont apprivoisées sur ce dernier terrain. La nostalgie de manger avec gluten, sucre et de griller des cigarettes, autant de petits plaisirs de la vie qu’une brigade sanitaire a l’air de surveiller, les soude davantage. Au-dessus de ce petit duo, une sale ambiance plombe leur élan de fin de vie. Le projecteur est pourtant sur elles, qui adoucies, sont aussi rigolotes dans leur fraîche complicité que dans leur adversité première.

Qu’à cela ne tienne, elles ressortent de leurs tiroirs respectifs leurs anciennes tenues, pour l’une, une robe en lamé, pour l’autre, celle d’une danseuse classique avec tutu et plumes en sus. La première chante Dalida et la seconde danse le lac des Cygnes. Au-delà de ces anciens rôles, elles s’en inventent de nouveaux : une maladie de Parkinson pour la première et une maladie d’Alzheimer pour la seconde. « Ça nous occupe. » dit l’une d’entre elles.

Auteur pour le théâtre, Pierre Notte, qui a publié notamment L’Effort d’être spectateur édité aux Solitaires Intempestifs, a écrit La Nostalgie des blattes. Il n’est pas évident pour le spectateur de ne pas se sentir contaminé par le climat de la pièce dont le titre y participe grandement. On capte plus qu’on ne comprend, cherchant l’ingrédient qui pourrait nous aider à y voir plus clair. Quant à Marylin Pape, metteuse en scène et comédienne, elle a créé cette pièce en 2022. Elle travaille régulièrement en direction des publics isolés. Suite à des interventions auprès de séniors, elle a eu envie d’aborder la question du vieillissement. Le texte de Pierre Notte La Nostalgie des blattes l’a confortée dans cette direction, en prenant le parti pris de la drôlerie. Une autre transformation est abordée, celle du monde qui change…

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La Nostalgie des blattes, mise en scène Marilyn Pape © Y. Petit

Informations pratiques

LA NOSTALGIE DES BLATTES – Compagnie Les trois sœurs

Auteur
Pierre Notte

Mise en scène, scénographie, costumes
Marilyn Pape

Interprétation Eulalie Delpierre et Marilyn Pape

Dates
Du 23 août au 14 octobre 2023, mercredi, jeudi, vendredi et samedi à 19h à la Manufacture des Abbesses, Paris

Durée
1h10

Adresse
Manufacture des Abbesses
7, rue Véron
75018 Paris

Informations complémentaires

Manufacture des Abbesses
www.manufacturedesabbesses.com

Compagnie Les trois sœurs
www.compagnielestroissoeurs.com