« LA VIE MATÉRIELLE. Un moment de grâce avec Marguerite Duras » Duras par Duras, mise en scène de William Mesguich

La vie matérielle, mise en scène William Mesguich © Xavier Cantat

Adaptation de Michel Monnereau de l’ouvrage de Marguerite Duras : La vie matérielle. Duras parle à Jérôme Beaujour, édité en 1987 chez P.O.L. Une sélection singulière qui nous offre la joie de découvrir autrement Marguerite Duras, d’entrer en lien direct avec elle, qui se confie à nous, se livre et se délivre. Une redécouverte d’une Duras que l’on ressent présente grâce au jeu émouvant, vif et incarné de Catherine Artigala, qui épouse gestes et voix de l’écrivaine.

L’ouvreuse nous invite à prendre l’escalier pour nous rendre tout en haut du Lucernaire dans la salle Paradis. Une salle de spectacle intime pour un seul en scène : Marguerite Duras par Marguerite Duras, interprétée par Catherine Artigala. Elle nous attend assise dans son fauteuil, face au public, dans la pénombre de la salle, lunettes noires sur le nez. Immuable. On distingue un guéridon et sur ce dernier la photo d’un portrait trône. Un univers dépouillé, peuplé de Duras. Quand la salle s’éclaire nous percevons la table d’écriture de Marguerite Duras, ses verres et bouteilles d’alcool, son environnement.
Elle s’adresse à nous, nous expose sa rencontre avec Jérôme Beaujour, qui est à l’initiative de cet ouvrage. Elle a répondu favorablement à sa demande et vient ici s’entretenir avec nous sur sa vie, sa vie quotidienne, son existence, qu’elle ne pense pas exceptionnelle. Ce qui est exceptionnel, c’est d’écrire mais pas sa vie.

L’axe de la recomposition de morceaux de vie de Duras par la sélection de Michel Monnereau éclaire l’intime de l’écrivaine relié à son parcours, son histoire. Le théâtre intérieur de Duras, riche d’enseignements, s’ouvre à nous.
Cela commence par les obsèques de sa mère et la rencontre de la jouissance, que l’on rencontre selon elle qu’une fois dans sa vie de femme. Elle se déshéritera de sa mère, son choix. Un autre chapitre nous narre comment tout a commencé pour elle avec ses hallucinations et sa dépendance à l’alcool ainsi que ses cures de désintoxication à l’hôpital Américain. Elle explique son lien à l’alcool et nous rebasculons dans son enfance en Indochine, la terre de sa construction individuelle. Elle évoque son lien à la mer, la pluie, à cette terre mère. Sa mère, une institution pour elle. De sa mère, elle a hérité du goût du ménage. Des considérations sur la façon dont les hommes perçoivent les femmes, nous repartirons à son installation en France au décès de son père et à ses trois lieux de vie : Paris, Neauphle-le-Château et Trouville, son besoin vital d’entendre et de voir la mer. Son besoin d’écrire, s’entretenir de soi grâce aux autres, ce double ou miroir qu’est l’écriture.

Un monologue mis en scène de façon dynamique où alternent mises en lumière des narrations, voix off, et le côté cour sert le retour dans le passé de l’écrivaine.
La comédienne est investie totalement dans la peau de Duras. Son jeu redonne des couleurs à une femme, petite, qui ne semblait pas s’aimer.

« En somme, pour des raisons diverses la honte recouvre toute ma vie. » Marguerite Duras

La vie Matérielle c Xavier Cantat 2

La vie matérielle, mise en scène William Mesguich © Xavier Cantat

Informations pratiques

LA VIE MATÉRIELLE. Un moment de grâce avec Marguerite Duras

Auteur(s)
Marguerite Duras

Mise en scène
William Mesguich

Interprétation
Catherine Artigala
Adaptation Michel Monnereau
Création sonore Matthieu Rolin
Lumières et décors William Mesguich
Costumes Sonia Bosc
Production Passage production
Soutien Spectacle Adami déclencheur

Dates
Du 14 juin au 27 août 2023 au Théâtre du Lucernaire, Paris
Mercredi au samedi 21h et dimanche 17h30

Durée
1h

Adresse
Théâtre Le Lucernaire
53, rue Notre-Dame des Champs
75006 Paris

Informations complémentaires

Théâtre Le Lucernaire
www.lucernaire.fr